Moyen Âge

Chaire

Parfois appelé « cathèdre », ce meuble solennel aux lignes sobres et rigides fait partie intégrante du mobilier de la chambre. Réservé aux seigneurs, il est sculpté, sur la majeure partie du haut dossier, de fenestrages aveugles sur meneaux de style flamboyant, surmontés à la crête d’un réseau d’arcatures ajourées. L’ensemble est constitué de panneaux embrevés (c’est-à-dire emboîtés par le biais d’une rainure) dans le bâti, lui-même assemblé à tenons et mortaises. Les montants postérieurs sont couronnés de fleurons, tandis que le piétement, orné de deux motifs de plis de parchemin en faible relief témoigne, comme les accotoirs, d’une plus grande simplicité de traitement.

Dressoir

À la fois meuble de rangement et d’apparat, le dressoir, issu d’une structure simple, se perfectionne dans la seconde moitié du XVe siècle. Il est habituellement constitué de deux parties. Le corps supérieur qui peut être à pans coupés, est pourvu ici d’un vantail fermé sculpté à orbevoie, orné d’une serrure et d’un écusson représentant un château pris dans un fenestrage (les armoiries affirment l’appartenance au propriétaire). On y range des objets de valeur. Les panneaux latéraux sont eux aussi sculptés dans le style gothique français. La base est quant à elle le plus souvent évidée pour permettre d’y montrer un bassin ou un autre objet de céramique ou d’orfèvrerie. Cette forme perdurera au XVIe siècle, où elle s’enrichit de motifs venus d’Italie.

Lustre à six lumières

Le lustre était suspendu au plafond ou à la voûte d’un intérieur. Cette pièce dont la tige moulurée est terminée par une figure de la Vierge entourée de rayons, a pu prendre place dans un intérieur privé ou une église. Six branches enroulées de rameaux soutiennent chacune une bougie (en cire, elle est plus onéreuse que la chandelle fabriquée en graisse animale), alors qu’un double mufle de lion tenant un anneau achève l’ensemble. Ce type d’éclairage artificiel, de même que les chandeliers et autres pique-cierges, prend le relais de la lumière naturelle à la tombée de la nuit.

Moyen Âge tardif

Scabelle
France, vers 1480
Chêne sculpté
H. : 55,5 cm - L. : 45,5 cm - l. : 27 cm
Legs Émile Peyre, 1905
Inv. PE 1074
© MAD, Paris / Jean Tholance

Dans l’histoire de l’Occident, le Moyen Âge se situe entre l’Antiquité gréco-romaine, qui prend fin au Ve siècle, et la Renaissance qui commence à la fin du XVe siècle. C’est une très longue période (mille ans environ) qui a longtemps été considérée comme froide et obscure. C’est pourtant à cette époque que sont posées les bases de notre société et de notre culture. Les collections médiévales du Musée des Arts Décoratifs témoignent de l’art de vivre mais aussi des savoir-faire des artisans au Moyen Âge.

La période est marquée par les guerres. Les villages s’organisent autour des châteaux forts construits en hauteur pour mieux voir arriver l’ennemi ! Murailles et douves, donjon et pont levis, tout est pensé pour abriter et défendre les habitants du château.

À l’intérieur, une grande salle sert à toutes les occasions. On y mange et on y dort mais on y accueille aussi les invités pour les fêtes et les assemblées. Elle n’est pas très confortable. Éclairée à la chandelle et chauffée par la cheminée, il y fait sombre et froid. Dans les riches demeures, des boiseries et des tapisseries habillent les murs pour réchauffer la pièce mais aussi la décorer.

Coffre à pentures
France, fin XIIIe siècle
Chêne, fer forgé
H. 89 cm - L. 165 cm
Legs Émile Peyre, 1905
Inv. PE 982
© MAD, Paris / Jean Tholance

Le mobilier est essentiellement composé de coffres. Construits dans des bois solides comme le chêne, ils servent à entreposer les vêtements comme les ustensiles de cuisine. Pratiques, ils peuvent rapidement être déplacés en cas de fuite et d’attaque du château. Le lit ressemble un peu à une cabane. Il a un toit appelé « ciel de lit » et est entouré de lourds rideaux en laine pour empêcher l’air froid de rentrer.

Paire de tréteaux avec plateau rapporté

Formé d’un plateau supporté par des tréteaux encastrés à tourillons dans les traverses supérieures, ce type de table, transportable dans la chambre ou la grande salle, peut être couvert à l’occasion par un textile. Il est extrêmement répandu au Moyen Âge dans tous les milieux sociaux, bien que les exemplaires connus de nos jours soient rares. Ici, les tréteaux adoptent une forme à fronton triangulaire embrevé (enchâssé) dans les montants et ajouré d’un décor de motifs flamboyants, exprimant la volonté d’un certain raffinement. Le procédé, multifonction, n’était pas dévolu exclusivement à l’usage des repas : les tréteaux pouvaient soutenir une table de travail, d’écriture ou servir de piétement de lit.

Sablier

Jusqu’au XIVe siècle, la mesure du temps s’effectue au moyen du cadran astronomique, de la clepsydre ou du sablier, fait d’un cadre de bois et d’une fiole de verre. En France, l’une des premières mentions de ce type d’objet peut être lue dans l’inventaire des biens de Charles V à sa mort en 1380 : une « grande horloge de mer [faite] de deux grandes fioles pleines de sablon » y est décrite. Le sablier, dans la simplicité de son système d’écoulement, est utilisé dans le domaine de la navigation. Apparaissent au milieu du siècle les horloges mécaniques, mues par un poids descendant, avant que ne naisse au XVe siècle le ressort moteur. Peu coûteux, silencieux et fiable dans le séquençage du temps, il accompagnait et concurrençait l’horloge à rouages, dont l’usage devient courant chez les plus aisés, au plus tard dès le début du XVe siècle.