Art déco

Art déco

Paravent à dix feuilles Biches
Armand-Albert Rateau (1882-1938)
Paris, vers 1921-1922
Bois laqué et doré
H. : 341 cm - l. : 50 cm
Don Prince Louis de Polignac, 1965
Inv. 39952 B _
© Adagp, Paris © Photo : MAD, Paris / Jean Tholance

À la veille de la première guerre mondiale, l’Europe est au centre du monde. Sa puissance économique et technologique est incontestée mais la paix elle est sérieusement menacée par les rêves de grandeur des nations qui la composent. La menace gronde et explose avec l’attentat de l’archiduc héritier François-Ferdinand à Sarajevo en 1914. Dès lors c’est l’engrenage : l’Autriche attaque la Serbie. Les Russes mobilisent leurs troupes pour secourir les Serbes, ce qui entraîne un ultimatum allemand à la Russie, la mobilisation générale en France, puis l’entrée en guerre de l’Allemagne et de l’Angleterre. Le gouvernement français prévoit une guerre courte, deux à trois mois tout au plus. Elle durera quatre ans et tuera plus d’un million et demi de soldats français.

Commode
Paul Iribarne Garay, dit Iribe (1883-1935)
Paris, vers 1912
Bâti en acajou et tulipier, intérieur acajou clair, dessus en ardoise, revêtement en galuchat teinté vert, boutons en ébène, piétement et guirlandes en ébène sculpté
H. : 91 cm - l. : 49 cm - Prof. : 32 cm
Don de Monsieur Jean Édouard Dubrujeaud en souvenir de Monsieur Jacques Doucet, 1958
Inv. 38144
© MAD, Paris / Jean Tholance

L’après-guerre est marqué par l’envie d’oublier l’horreur des tranchées. Ce sont « Les années folles », courte parenthèse avant la grande crise des années 1930. Les américains venus combattre ont apporté le jazz qui fait fureur. Une danse, qui vient de la ville de Charleston, connait un grand succès. Ses mouvements rythmés accompagnent la mode des robes fluides et courtes, des colliers portés en sautoirs et des cheveux courts coupés « à la garçonne ».

Coupe « Cheval »
Maurice Marinot (1882-1960)
France, 1922
Verre soufflé, décor intercalaire, modelé à chaud et émaillé
H. : 8,5 cm - Diam. : 29 cm
Don Zoubaloff, 1922
Inv. 22809
© DR © Photo : MAD, Paris / Jean Tholance

La compétition économique entre les pays fait rage et chacune rivalise d’inventivité pour se distinguer comme lors de la grande exposition Internationale des Arts décoratifs industriels et modernes de 1925 qui se tient à Paris. On retiendra le terme d’Art déco pour décrire les formes et les décors réalisés entre 1910 et 1925. Architecture, décoration intérieure, mobilier, mode, tous les domaines des arts décoratifs sont touchés par cette nouvelle façon de voir le beau et l’harmonie. La ligne droite remplace la ligne courbe en vogue à la période précédente (Art nouveau). Influencé notamment par le mouvement cubiste (Picasso, Braque, Cézanne…) et les arts primitifs (Afrique, Océanie), l’Art déco joue avec les formes géométriques. Il puise son inspiration dans les siècles passés tout en y apportant de la modernité.

Bureau à cylindre doucine

Jacques-Émile Ruhlmann renouvelle les arts appliqués en puisant dans l’histoire des formes et des savoir-faire pour créer du mobilier d’exception, à l’instar de ce bureau de dame. Souvent comparé aux ébénistes du XVIIIe siècle, il réinterprète les techniques, les typologies et les styles, en réalisant des pièces venant généralement satisfaire les goûts d’une clientèle privilégiée. Fabriqué dans l’atelier B de Ruhlmann, ce bureau est commandé par le Musée des Arts Décoratifs en 1926 et achevé l’année suivante. Un exemplaire similaire est rendu public lors de l’exposition Internationale des arts décoratifs et industriels modernes en 1925, dans le boudoir de l’Hôtel du Collectionneur.

Fauteuil modèle 1793

En puisant son inspiration dans de multiples sources, allant de l’Antiquité aux arts décoratifs orientaux, Armand-Albert Rateau réalise un mobilier au style unique et inclassable. Ce fauteuil, qui appartenait au créateur, en est un parfait exemple. Son travail est d’ailleurs remarqué par une clientèle prestigieuse, dont la couturière Jeanne Lanvin, qui lui commande l’aménagement de son hôtel particulier à Paris. Un siècle plus tard, il reste l’une des figures les plus emblématiques de sa période et source d’inspiration féconde pour les nouvelles générations.

Lampadaire modèle 1079

Conçu pour l’hôtel particulier de la célèbre couturière Jeanne Lanvin, ce lampadaire fait partie des aménagements intérieurs de cette résidence, pensée telle une œuvre d’art totale par Armand-Albert Rateau. Ce même modèle fut exposé dans le Pavillon de l’Élégance à l’exposition Internationale des arts décoratifs et industriels modernes en 1925. Alors que Jeanne Lanvin partage avec le créateur, ce goût pour les formes uniques et les matériaux nobles, elle lui confie aussi la décoration de sa boutique Lanvin-Sport et la direction de Lanvin-Décoration. Après la démolition de l’hôtel particulier en 1965, les appartements privés de la commanditaire sont depuis conservés au Musée des Arts Décoratifs.

Pendule

Clément Rousseau, avec d’autres créateurs de son époque comme Paul Iribe et André Groult, fut l’un des premiers à remettre à l’honneur le galuchat pendant les années 1920. Ce matériau, généralement confectionné avec de la peau de raie, est initialement utilisé au XVIIIe siècle pour décorer de petits objets, comme les écrins et les boîtes. Cette horloge de Rousseau incarne le renouveau de cette technique, qui est ici appliquée à plus grande échelle, pour décliner avec subtilité les textures et les palettes chromatiques de cette pièce où se mêlent élégance et modernité.

Chiffonnier anthropomorphe

Inventé au XVIIIe siècle, le chiffonnier est une commode haute à tiroirs, permettant de ranger le linge. André Groult revisite l’esthétique de ce meuble, avec des lignes courbes et organiques, évoquant celles d’un corps féminin. Composée de matériaux nobles comme le galuchat et l’ivoire, cette réalisation anthropomorphe est présentée dans la chambre de Madame aménagée par Groult, faisant partie du Pavillon de l’Ambassade Française, de l’exposition Internationale des arts décoratifs et industriels modernes de 1925.