Modernisme

Chaise longue basculante B306

Présentée au Salon d’Automne de 1929, le premier modèle de cette chaise longue basculante réalisé par le trio Le Corbusier, Charlotte Perriand et Pierre Jeanneret, est ensuite édité l’année suivante sous le nom de B306 par la firme Thonet. Conçue avec des matériaux nouveaux pour l’époque, comme le tube en acier, cette assise mêle formes épurées et fonctionnelles. Adaptée à la position du corps, avec son appuie-tête et son inclinaison variable, celle-ci est pensée de manière rationnelle, tel un équipement pour la vie quotidienne, afin d’optimiser le confort de son usager. Pendant les années 1940, Perriand en fabrique une nouvelle version en bambou. Aujourd’hui considérée comme une icône de la modernité, cette chaise longue est, depuis les années 1960, diffusée par Cassina sous le nom de LC4.

Coiffeuse-paravent

Conçue en 1926 par la créatrice irlandaise Eileen Gray, la coiffeuse-paravent, révolutionnaire dans sa fonction, vient offrir, une fois accrochée perpendiculairement au mur de la chambre, au-delà d’une simple fonction de rangement, un espace d’intimité dédié à la toilette. Ses lignes, épurées comme élégantes, répondent à l’architecture de la villa E 1027, icône de la modernité, conçue à quatre mains par Eileen Gray et Jean Badovici. Ici, les pièces de mobilier comme la coiffeuse-paravent répondent à tous les standards d’un nouveau mode vie où fusionnent dorénavant dans une forme de modernité lyrique l’espace, le corps et l’âme. Ce modèle-ci de coiffeuse fut conçu pour le studio de Jean Badovici à Paris dans ce même esprit moderne qu’à la villa E 1027 et dans l’intention de séparer le salon d’un minime espace intime.

Horloge

Avec la modernité, l’horloge se montre de plus en plus discrète jusqu’à en perdre même parfois sa propre monture ne laissant place qu’aux simples aiguilles et numéros. Comme les dessine Robert Mallet-Stevens dans la villa Cavroix, les horloges deviennent dès lors des appels graphiques dans l’espace, des éléments du temps en suspension. Laurent de Commines répond donc ici, par son dessin contemporain, à l’esthétique des modernes, dessinant au-dessus de la porte les éléments graphiques, symboles, au-delà d’un «  Esprit Nouveau  », comme le citait Le Corbusier, d’un temps nouveau.

Lampe de bureau

Cette lampe de Jacques Le Chevallier provient de l’agence d’architecture de Robert Mallet-Stevens, située au 12 rue Mallet-Stevens à Paris. Pensée comme une véritable sculpture, elle puise ses formes dans les principes rationalistes qui émergent pendant l’entre-deux-guerres. Sobre et fonctionnelle, ce luminiaire est composé de matériaux nouveaux, comme l’aluminium et l’ébonite, l’un des premiers matériaux plastiques. Son diffuseur semi-cylindrique permet de canaliser l’intensité de la lumière, tandis que sa base sert de porte-crayons. Le Chevallier présente un modèle semblable lors de la première exposition de l’Union des Artistes Modernes au Musée des Arts Décoratifs en 1930.

Modernisme

[Coiffeuse de la princesse Aga Khan]
René Herbst (1891-1982)
Paris, vers 1932
Acier chromé, miroir, métal peint
H. : 71,5 cm - L. : 109 cm - l. : 60 cm
Achat de l’État, 2008
© DR © Photo : MAD, Paris / Jean Tholance

Après la première guerre mondiale, dans l’Europe ruinée et détruite, il faut rapidement et à moindre coût reconstruire des milliers de logements. En Allemagne, les professeurs et les étudiants d’une grande école d’architecture, le Bauhaus, expérimentent des solutions nouvelles pour apporter au plus grand nombre un habitat et des objets du quotidien à la fois fonctionnels (adaptés, pratiques, confortables) et beaux. Ils s’appuient sur des formes simples et des matières industrielles comme le tube de métal.

Fauteuil
Georges-Henri Pingusson (1894-1978)
Paris, 1932
Tube métallique et croisillons de métal, peint en rouge, bois
H. : 70,5 cm - L. : 63 cm - Prof. : 57 cm (sans garniture)
Acquis grâce au mécénat de Fabergé, 1998
Inv. 998.87.2
© DR © Photo : MAD, Paris / Jean Tholance

En France, à la même époque, les architectes et designers Le Corbusier et Charlotte Perriand travaillent également dans cet esprit. Le designer est celui qui conçoit des objets nouveaux dans leurs formes, leurs matériaux, en tenant compte des usages des utilisateurs et des progrès techniques.

Les habitations étant plus petites que dans le passé, la distribution et l’aménagement des pièces sont conçus pour optimiser l’espace à vivre. Le salon et la salle à manger sont réunis pour former ce que l’on appellera un living-room. Les rangements (étagères, placards, tiroirs) sont directement intégrés dans l’architecture et les meubles se font moins nombreux. A la fois légers et polyfonctionnels, ils peuvent facilement être déplacés et utilisés selon les besoins.

Table à thé à deux plateaux

Figure majeure du modernisme en France, Jean Burkhalter participe régulièrement aux expositions de l’Union des Artistes Modernes (UAM), dont il est l’un des membres fondateurs depuis 1929. Créateur multidisciplinaire, il privilégie la réalisation d’un mobilier léger, facile à déplacer, alliant notamment le bois et le tube métallique, ou encore la tôle émaillée, à l’instar de cette table à thé. Simple et fonctionnelle, celle-ci est composée d’un plateau inférieur pour les pièces de service et d’un niveau supérieur pour déposer les tasses. Don de la famille de l’artiste, elle fut présentée lors de la première exposition de l’UAM en 1930 au Musée des Arts Décoratifs.