Louis XIII

Encore trop peu étudiée, cette période qualifiée généreusement du nom de Louis XIII, comprend traditionnellement le règne d’Henri IV (1572-1610) et constitue une période-clé dans le développement des arts décoratifs.

Aiguière
Paris, 1603-1604
Argent
H. 18 cm - l. 18,3 cm
Legs Jean-Jacques Reubell, 1934
Inv. 30391
© MAD, Paris / Cyrille Bernard

De nombreux artistes et artisans étrangers sont accueillis et s’établissent en France, contribuant au renouvellement des arts. Pourvoyeurs de commandes et à l’initiative des modes du moment, Louis XIII (1610-1643) et sa cour ainsi que les princes accordent alors à leur intérieur un soin particulier. Progressivement, la boiserie s’impose comme décor mural, de nouvelles techniques se développent dans le mobilier de luxe et un nouveau meuble fait son apparition : le cabinet parisien.

Contexte / influence

« Société dans un intérieur » (détail)
Paulus Vredeman de Vries (1567-après 1630)
Amsterdam, daté 1616
Peinture à l’huile sur panneau de chêne ; cadre en chêne sculpté et doré
H. : 94,5 cm - l. : 69,5 cm
Don Jules Maciet, 1910
Inv. 17479
© MAD, Paris / Jean Tholance

Des artisans, flamands ou allemands, s’installent à Paris apportant de nouvelles pratiques qui favorisèrent l’essor d’un art décoratif tout entier voué à l’exaltation de la personne royale, ce qui allait permettre l’épanouissement d’un style royal français. Parmi les nouveautés, celle du placage d’ébène révolutionna l’histoire du mobilier français. Auparavant les menuisiers de meuble utilisaient la technique italienne de la marqueterie dite tarsia geometrica, assemblant élément par élément. L’introduction de l’ébène et de son emploi ont donné naissance au terme « ébénisterie » et par extension ont permis de qualifier « d’ébénistes » ceux qui fabriquaient les meubles de placage, les opposant aux artisans travaillant uniquement le bois massif qualifiés « de menuisiers ». Dès lors deux métiers bien distincts cohabitèrent en une même corporation.

Formes

Fauteuil de malade
France, vers 1650
Châtaignier ; crémaillères et charnières en fer forgé, garniture moderne
H. : 122 cm - l. : 67,5 cm - Prof. : 58 cm
Legs Eugène Barriol, 1938
Inv. 33876
© MAD, Paris / Jean Tholance

Les techniques traditionnelles de la sculpture et du tournage, interviennent toujours dans la fabrication du mobilier notamment pour les sièges dont les bois restent dissimulés pour une grande partie par les étoffes. Une entretoise renforce toujours les pieds dans leur partie inférieure, l’assise est carrée ou légèrement trapézoïdale et le dossier, rectangulaire, tend à se développer en hauteur. Les meubles d’ébénisterie obéissent à des formes architecturales simples, seul changeait le décor sculpté et gravé des bâtis plaqués d’ébène. Austères en apparence, les cabinets dévoilent des intérieurs polychromes conçus comme de petites scènes de théâtre avec jeux de perspectives, colonnettes, miroirs et scènes peintes.

Ornements

Cadre auriculaire
Utrecht, vers 1650-1655
Tilleul sculpté et doré
H. : 94 cm - l. : 81 cm
Achat grâce au mécénat de Mr. et Mrs. Felix Rohatyn par l’intermédiaire du Comité international, 2001
Inv. 999.29.1
© MAD, Paris / Jean Tholance

Cette époque voit l’assimilation de diverses influences venues du Nord et d’autres cherchées au Sud. Un goût pour l’ornement végétal se développe, les feuilles s’arrondissent tout en offrant un aspect tranchant donnant naissance à l’ornement en cosse de pois. Rubans, masques, peaux de lion, ailes déployées envahissent les surfaces. Le cartouche demeure l’une des formes privilégiée de l’ornement souvent complété par de gros festons de fleurs. Le goût pour le bizarre n’est pas étranger à cette période, traduit par des élongations de formes, le tout qualifié de style auriculaire. Vers 1640, tous ces ornements cèderont la place à un répertoire plus monumental renouant avec les modèles antiques.

Matériaux

Le bois, sculpté, peint et doré dans les intérieurs les plus riches s’impose, faisant reculer tentures de cuir, étoffes et tapisseries. Parmi les bois employés, les bois indigènes dominent : chêne, noyer, hêtre et les bois fruitiers sont rejoints par un nouveau venu, l’ébène en provenance de Madagascar. Le marbre, la mosaïque de marbres de différentes couleurs et le bronze doré font une timide apparition, annonçant la plus grande polychromie qui se déploie à la période suivante.

Invention / création (meubles nouveaux)

Cabinet sur piétement
Paris, vers 1650
Bâti en résineux (corps supérieur), chêne et résineux (piétement), acajou ou amarante (tiroirs du caisson), placage d’ébène, poirier noirci, ivoire teinté
H. : 168 cm - L. : 154 cm - Prof. : 55 cm
Achat, 2007
Inv. 2007.1.1
© MAD, Paris / Jean Tholance

La sédentarisation s’étant imposée, de nouveaux meubles sont imaginés afin de répondre au développement de nouveaux usages. Le cabinet dont Paris imposa le principe se compose de deux parties, la première ouvrant à deux battants sur un intérieur plus ou moins élaboré et pouvant comporter de nombreux tiroirs, repose sur la seconde, formée d’un piètement composé le plus souvent de huit pieds et pouvant offrir un tiroir en ceinture. Le décor, à la fois sculpté et gravé dans la continuité des meubles de la Renaissance française, demande la collaboration de menuisiers, d’ébénistes, de sculpteurs, de graveurs, de tourneurs pour les pieds, éventuellement de marqueteurs et de peintres.

  • Bras de lumière

    France, vers 1650
    Noyer sculpté, peint et doré, fer
    H. : 18 cm - L. : 40 cm
    Achat, 2004
    Inv. 2004.170.2.1-2
    © MAD, Paris / Jean Tholance

    Le qualificatif de bras de lumière prend toute sa signification avec ce modèle qui figure deux avant-bras, droit et gauche, sortant d’une manche bouffante de pourpoint. Comme son nom l’indique, il est destiné selon sa forme à recevoir une ou plusieurs bougies et il est fixé aux murs, le plus souvent de part et d’autre de la cheminée. Avec les lustres, candélabres et flambeaux, ils assuraient l’éclairage de la pièce.

  • Chaise

    France, vers 1650
    Noyer tourné, tapisserie de laine au petit point
    H. : 108 cm - L. : 50 cm - Prof. : 46 cm
    Legs Jeanne Ménard, 1969
    Inv. 41863
    © MAD, Paris / Jean Tholance

    Le haut dossier, l’assise à peine évasée vers l’avant et les pieds tournés, réunis par une entretoise, demeurent les caractéristiques majeures du siège sous le règne de Louis XIII. Petit à petit les bois auparavant dissimulés sous un textile deviennent plus apparent. Les pieds sont encore réunis par une entretoise et une traverse sur le devant pour renforcer la structure du siège. Ils sont ici composés de balustres compris entre deux massifs cubiques dont les angles ont été aplanis.

  • Cabinet

    France, vers 1650
    Bâti en résineux (corps supérieur), chêne et résineux (piétement), acajou ou amarante (tiroirs du caisson), placage d’ébène, poirier noirci, ivoire teinté
    H. : 168 cm - L. : 154 cm - Prof. : 55 cm
    Achat avec le soutien de M. et Mme Emilio Ferré par l’intermédiaire du Comité international et grâce aux dons versés lors du dîner de gala pour la réouverture du Musée des Arts décoratifs, 2007
    Inv. 2007.1.1
    © MAD, Paris / Jean Tholance

    Ce meuble caractéristique du XVIIe siècle français est certes un meuble de rangement mais avant tout d’apparat en raison de ses matériaux constitutifs : ébène sculpté et gravé, ivoire ondé et teinté à l’imitation des pierres dures. Ces deux vantaux s’ouvrent sur un caisson intérieur qui peut être décoré comme un petit théâtre entouré de plusieurs rangs de petits tiroirs. On y renfermait des bijoux ou de menus objets précieux.

  • Bureau à huit pieds

    France, vers 1650
    Bâti en chêne, placage de bois d’amarante et étain
    H. : 78 cm - L. : 117 cm - Prof. : 65 cm
    Dépôt du Musée de Cluny, 1987
    Inv. CLUNY 11761.1
    © MAD, Paris / Jean Tholance

    C’est au cours du XVIIe siècle que les ébénistes créent le bureau, meuble entièrement dédié au travail. Auparavant tables ou coffres tenaient lieu de meubles à écrire que l’on protégeait en les recouvrant d’un tapis de bure. Cette étoffe peu coûteuse est à l’origine du mot « bureau ». Les premiers bureaux sont à huit pieds, reliés quatre à quatre par des entretoises, supportant des tiroirs superposés et un caisson légèrement en retrait ainsi qu’un grand plateau rectangulaire. Parfois, comme ici, un petit gradin l’accompagne ouvrant à tiroirs et caisson, multipliant ainsi les possibilités de rangement.

  • Pendulette

    Laboullays, horloger
    Nancy, vers 1650
    Bronze fondu, doré et gravé, émail, étain et verre
    H. : 12 cm - L. : 6 cm
    Legs Jeanne Ménard, 1969
    Inv. 41872
    © MAD, Paris / Jean Tholance

    Apparus au XIVe siècle, les premiers mécanismes d’horloge n’ont cessé de se perfectionner dans le temps et gagnèrent les riches intérieurs sous la Renaissance. Au XVIIe siècle, la pendule reste un objet de prix et ne connaît pas encore la grande diversité de forme qui se développera au XVIIIe siècle. Celle-ci offre un décor gravé formant comme un cadre autour du cadran. Fier de son ouvrage, l’horloger l’a signé de manière visible sur la face. Ses petites dimensions et ses petits pieds autorisent à la déplacer selon les besoins.