Louis XIV

Le règne de Louis XIV (1643-1715) fit sans conteste de la France, le royaume le plus stable et le plus grand d’Europe. Après une minorité troublée par la Fronde, le roi choisit à la mort de Mazarin en 1661 de gouverner par lui-même, s’imposant ainsi aux Parlements. Maniant conjointement diplomatie et actions armées, Louis XIV agrandit le royaume, accrut sa puissance puis réorganisa diverses administrations. Enfin, il agit en monarque absolu.

Cheminée
Attribuée à la fabrique de Pierre Clérissy Moustiers-Sainte-Marie, vers 1720-1730
Faïence ; décor en camaïeu bleu de grand feu peint d’après poncif
H. : 114 cm - l. : 122 cm - Prof. : 22 cm
Don Monsieur Donat-Agache, 1923
Inv. 23772
© MAD, Paris

Si les années centrales du règne évoquent la magnificence de Versailles, les dernières années furent marquées d’une crise financière sans précédent, conséquence des guerres incessantes et des grands travaux. De Versailles, Louis XIV fit un lieu de pouvoir mais également de prestige culturel qui favorisa l’apogée du classicisme français qualifié de « siècle de Louis XIV ».

Contexte / influence

Pendule dite « religieuse »
Nicolas Gribelin, horloger
Paris, vers 1680
Chêne plaqué d’écaille de tortue, bronzes ciselés et dorés
H. : 168 cm - L. : 154 cm - Prof. : 55 cm
Don Michel Leclercq, 2014
Inv. 2014.112.1
© MAD, Paris / Cyrille Bernard

Baroque à ses débuts puis trouvant son aboutissement dans un classicisme triomphant, le règne de Louis XIV (1643-1715) favorisa l’essor d’un art au service de la majesté royale pour laquelle rien n’était assez beau : richesse des matériaux, ampleur des formes, proportions étudiées. Après l’influence des artistes et artisans venus du Nord, c’est celle des italiens, venus à la Cour à l’instigation de Mazarin, qui domine. Un style opulent se développe, empreint de monumentalité et de magnificence marquant le mobilier qui, de plus en plus, fait corps avec la décoration intérieure contribuant à l’impression d’harmonie. La fin du règne connaîtra une importante évolution stylistique participant de ce qu’il est coutumier de désigner sous le terme de style Régence.

Formes

Fauteuil
France, fin du XVIIe siècle
Noyer, traverses de ceinture en hêtre, sculpté et doré
H. : 105 cm - l. : 65 cm - Prof. : 72,5 cm - H. de l’assise : 45 cm
Legs Émile Peyre, 1905
Inv. PE 707
© MAD, Paris / Jean Tholance

Si la ligne architecturale constitue toujours l’ossature d’un objet d’ameublement, sous l’influence des formes généreuse du baroque italien, elle tend à s’assouplir. Pour les sièges, le haut dossier entièrement recouvert d’étoffe domine, l’assise est large, les pieds sont souvent traités en gaine et de plus en plus en console reposant sur des boules aplaties. Ces derniers sont encore solidement reliés entre eux par une entretoise. Cette partie inférieure du siège ainsi que les bras d’accotoir donnent lieu au déploiement d’un décor sculpté qui, progressivement, envahit l’ensemble des bois du siège.

Ornements

Parmi les ornements favoris de cette période triomphe l’acanthe, motif empruntant son contour à la feuille de l’acanthe, plante croissant dans le bassin méditerranéen. Ornement en usage depuis l’Antiquité, il connaît selon les époques un contour variable et s’associe à tout un système décoratif. Isolé ou en groupe, il encadre et souligne, accompagne d’autres ornements comme les rinceaux ou les entrelacs. Les ornements s’organisent en un système d’encadrement composé de plates-bandes plus ou moins prononcées dans lesquelles des figures humaines ou animales se développent. Par ailleurs, le courant naturaliste de l’époque s’exprime également par de grandes compositions florales qui s’imposent dans le domaine de la marqueterie. D’abord contenue en compartiments jusque vers 1680, la marqueterie de fleurs se répand ensuite en décors ininterrompus.

Couvercle de clavecin double [Le triomphe de Vénus]
Paris (?), vers 1700
Peinture et dorure à l’huile sur panneau de chêne
H. : 99 cm - l. : 240 cm
Inv. 29380
© MAD, Paris / Jean Tholance

Matériaux

Vers 1650, les matériaux de l’ébénisterie se diversifient. L’ébène recule au profit de l’ivoire, de l’écaille, de la marqueterie de fleurs en bois polychromes exotiques et indigènes. L’écaille prend de plus en plus de place, à laquelle sont associés l’étain et le laiton. Le bronze doré, d’abord employé pour protéger la base des pieds des meubles ou les entrées des serrures, devient un élément décoratif de plus en plus présent. À cette richesse de matériaux déployée sur les meubles d’ébénisterie répond celle des meubles de menuiserie dont la surface fut enrichie par une autre technique venue d’Italie, la dorure, à laquelle se substitue parfois l’argenture et plus timidement le laque.

Invention / création (meubles nouveaux)

Bureau
France, vers 1710
Bâti en résineux, noyer noirci, incrustations de cuivre, bronze doré, cuir
H. : 74 cm - L. : 167 cm - l. : 84 cm
Achat, 1961
Inv. 38653
© MAD, Paris / Jean Tholance

Deux meubles essentiels font leur apparition : le bureau et la commode. Les premiers exemples de bureau remontent aux années 1650 et correspondent à la diversification des pièces qui commencent à se développer dans les intérieurs. La suite traditionnelle de l’antichambre, chambre et cabinet se voit complétée de pièces satellites aux fonctions précises comme les bibliothèques et les cabinets de travail auxquelles le bureau est adapté. Les premiers bureaux reposent sur huit pieds avec caissons ouvrant à battant ou à tiroirs, puis les caissons disparaissent cédant la place à d’élégantes entretoises qui disparaissent à leur tour. Les pieds de huit deviennent quatre, la ceinture se compose de trois tiroirs annonçant le grand bureau plat du siècle suivant. La commode, plus tardive, dérive à la fois du bureau et du coffre dont elle combine les silhouettes. Meuble de rangement tout comme l’est le coffre, elle témoigne de la sédentarisation et propose un usage plus commode que le coffre confirmant l’appellation qui fut dès lors la sienne.

  • Bras de lumière

    Attribué à R. Chauveau, bronzier
    Paris, vers 1692-1693
    Bronze fondu, ciselé et doré
    H. : 21 cm
    Achat, 1889
    Inv. 4766 B
    © MAD, Paris / Jean Tholance

    Le bronze doré ou l’argent massif sont les deux matériaux de prédilection sous le règne de Louis XIV pour la réalisation des bras de lumière. À cette période, le bras de lumière comporte en général un seul binet, qui correspond à la partie cylindrique dans laquelle est placée la bougie. Le binet est lui-même placé sur une bobèche, partie circulaire destinée à recueillir les coulures de cire. Plusieurs bras de lumière pouvaient être accrochés par paire sur les murs d’une pièce, participant à son éclairage mais également au décor de celle-ci.

  • Tabouret

    France, vers 1690-1700
    Chêne, hêtre et noyer sculptés et dorés, textile de couverture moderne
    H. : 40 cm - L. : 51 cm - Prof. : 37 cm
    Legs Émile Peyre, 1905
    Inv. PE 715
    © MAD, Paris / Jean Tholance

    Avec le fauteuil et la chaise, le tabouret fait partie des sièges les plus courants de l’ameublement. Ce modèle repose sur quatre pieds en forme de gaine, sculptés de cannelures et enrichis en haut et en bas d’un motif de godrons. Pour plus de solidité, les pieds sont réunis en partie basse par des traverses, sculptées de feuilles d’acanthe. Entièrement doré, ce tabouret est destiné à meubler une pièce richement ornée.

  • Commode en tombeau

    Paris, vers 1700
    Bâti en sapin et noyer, décor peint et vernis, bronzes vernis, marbre Portor
    H. : 74.50 cm - L. : 98 cm - Prof. : 51 cm
    Don Aglaé de la Blanchetai, 1982
    Inv. 51394
    © MAD, Paris / Jean Tholance

    Inventée sous le règne de Louis XIV, la commode est le résultat d’une évolution et d’un compromis entre le coffre et le cabinet. Comportant des tiroirs en façade, elle offre une plus grande facilité de rangement que le coffre. Les premières commodes reposent sur des pieds peu élevés et présentent généralement trois rangs de tiroirs. Le décor de celle-ci est réalisé au vernis visant à imiter dans les fonds, le motif du marbre Portor qui lui sert de dessus et au pourtour la marqueterie dite Boulle, technique de placage particulièrement sophistiquée.

  • Console

    Paris, vers 1715
    Chêne sculpté et doré, marbre brèche
    H. : 78 cm - L. : 99 cm
    Don Jeanne Ménard, 1955
    Inv. 37512
    © MAD, Paris / Jean Tholance

    La console est un meuble conçu pour accompagner le décor de la pièce à laquelle elle est destinée. Elle est généralement dessinée par l’architecte et confiée aux soins du menuisier. Le dessus de marbre qui l’accompagne en épouse les formes et correspond par sa qualité au marbre employé pour la cheminée, que l’on retrouve aussi sur les autres meubles de la pièce afin de constituer une unité du décor. On pose sur la console, pendule, vases, flambeaux, candélabres ou tout autre objet de décoration. Celle-ci est constituée de trois pieds reliés par une entretoise et offre un décor composé d’un masque féminin placé sur un lambrequin encadré de rinceaux. Un riche décor mosaïqué orne les fonds, caractéristique des années 1700.

  • Pendule

    Pierre Duchesne, horloger
    Paris, vers 1690-1705
    Bâti en sapin, placage d’ébène, écaille, laiton, étain, bronze doré et verre
    H. : 53 cm - L. : 36 cm - Prof. : 18 cm
    Don Raymond Koechlin, 1907
    Inv. 14383
    © MAD, Paris / Jean Tholance

    Avec le règne de Louis XIV, la pendule entre plus largement dans les intérieurs de l’aristocratie. C’est un objet de luxe et les boîtes accueillant les mécanismes adoptent le plus souvent une structure architecturale comme celle-ci. Quatre colonnes à chapiteau corinthien la cantonnent et soutiennent un entablement sur lequel repose une toiture en dôme. Une marqueterie d’étain et d’écaille teintée en rouge la recouvre, soulignée par des encadrements de bois d’ébène auxquels s’ajoute le bronze doré. Deux aiguilles marquent les heures et les minutes. Le dôme dissimule le timbre qui assure la sonnerie des heures.