Restauration

La défaite de Napoléon à Waterloo puis son exil, entraînent le retour des Bourbons au pouvoir. Louis XVIII, puis Charles X, frères de Louis XVI, se succèdent sur le trône.

Sucrier ou compotier aux dauphins
France, vers 1820
Verre au plomb opacifié dit « opaline », soufflé, décor taillé, monture en bronze ciselé et doré
H. max. : 26,5 cm - Diam. : 15,8 cm
Don William Odom, 1943
Inv. 35449
© MAD
© MAD, Paris / Jean Tholance

Louis XVIII met en place une monarchie constitutionnelle, essayant de prendre en compte les acquis de la Révolution alors que son frère tend plutôt à durcir le régime. Cela aboutit à une nouvelle révolution en juillet 1830, celle des Trois Glorieuses. Ne pouvant remeubler de nouveau l’ensemble des palais, le mobilier impérial est conservé mais la fleur de lys ou la couronne royale se substituent à tous les emblèmes impériaux : aigles, abeilles et le chiffre N. Malgré l’étiquette et les codes imposés, la duchesse de Berry, épouse du fils cadet de Charles X, insuffle un renouveau dans le domaine des arts décoratifs, et nous permet de comprendre le style Restauration.

Contexte / influence

Table de toilette
Félix Rémond (1779- après 1860)
Paris, 1823, Exposition des produits de l’industrie
Chêne, placage de loupe d’orme, de loupe d’amboine, d’acajou, de frêne et de citronnier, bronze doré
H. : 154,5 cm - L. : 115 cm - Prof. : 52,5 cm
Dépôt du Mobilier national, 1980
Inv. MOB NAT GME 4325
© MAD, Paris / Jean Tholance

Le néoclassicisme est encore apprécié mais au cours des années de la Restauration, émerge le romantisme ou plutôt « les romantismes », qui s’épanouissent dans tous les domaines artistiques. Les artistes se tournent vers de nouveaux horizons : l’Orient, le Moyen Âge ou encore la peinture des pays du Nord. L’exposition des produits de l’industrie, dont la première eut lieu en 1798, est un événement majeur pour les arts décoratifs. Encouragée sous la Restauration, elle se déroule désormais tous les quatre ans (1819, 1823, 1827). La duchesse de Berry y fait d’ailleurs l’acquisition de plusieurs meubles.

Formes

Pendule
Baullier et Fils, horloger
Paris, vers 1830-1850
Bronze patiné, bronze doré
H. : 54 cm - L. de la base : 28,5 cm - Prof. : 14 cm
Legs de Maurice Quentin-Bauchart, 1911
Inv. 17741
© MAD, Paris / Jean Tholance

Le style Restauration assouplit les lignes droites de l’Empire. Les formes s’arrondissent, les fauteuils et les lits se galbent : la forme « en gondole » connaît un succès grandissant. Si l’on n’oublie pas les motifs antiques et la tradition néoclassique, les artistes puisent à d’autres sources, dont celle du Moyen Âge. En effet, le décor « à la cathédrale » fait une petite apparition sous l’Empire mais c’est sous la Restauration et principalement sous la monarchie de Juillet que le néo-gothique connaît un réel engouement.

Ornements

Les accotoirs des fauteuils prennent la forme de nymphes, de chimères ou de pattes de lion, mais l’un des motifs les plus répandus est le col de cygne, tandis que les motifs de frises ou d’arabesques sont utilisés en marqueterie ou en appliques de bronze. On privilégie des motifs de fleurs, de papillons ou de guirlandes. Pour les objets néo-gothiques, ils reprennent les formes des arcs brisés ou trilobés, des rosaces, des flèches ou des pinacles d’églises. Ce style a été décliné pour tous les types d’objets (mobilier, céramique, horlogerie, etc.) mais généralement, il est limité à la décoration d’une seule pièce ou à quelques objets seulement.

Guéridon
France, vers 1825
Bâti en bois de résineux, placage d’érable moucheté, incrustations d’amarante et de palissandre
H. : 71 cm - Diam. : 98,5 cm
Legs Mademoiselle Arlette Blanchecape, 2005
Inv. 2005.36.10
© MAD, Paris / Jean Tholance

Matériaux

Papier peint panoramique « Tombeau de Clorinde et Camp des croisés » (détail)
Manufacture Dufour & Leroy
Paris, 1830-1831
Papier rabouté, fond brossé à la main, impression à la planche de bois
D’après La Jérusalem délivrée (1581), poème épique du Tasse (1544-1595)
Inv. 29270.1
© MAD, Paris

L’acajou est toujours apprécié au début de la Restauration, mais son utilisation est ralentie à la suite du blocus continental. La mode pour les meubles en bois clairs (thuya, érable, frêne, sycomore), généralement utilisés en placage, connaît une grande diffusion. Ce mobilier prend même le nom du roi Charles X. On privilégie moins le bronze pour le décor que les incrustations de bois. En effet, le style Restauration est marqué par le renouveau de la marqueterie. Les meubles tels que les commodes ou secrétaires sont généralement surmontés d’une plaque de marbre blanc. Le papier peint, inventé dès la fin du XVIIIe siècle se généralise sous la Restauration, il permet à moindres frais de décorer ses intérieurs. Le cristal voit son utilisation et sa production s’accélérer pour prendre des dimensions considérables, non seulement pour des objets mais également du mobilier.

Invention / création (meubles nouveaux)

Travailleuse
France, époque Charles X (1824-1830)
Structure en peuplier, citronnier massif, placage de citronnier, incrustations et moulures en amarante
H. : 80 cm - L. : 55 cm - l. : 35 cm
Legs Arlette Blanchecape, 2005
Inv. 2005.36.2
© MAD, Paris

L’armoire à glace se répand sous la Restauration et la monarchie de Juillet, elle permet un confort de rangement pour un encombrement équivalent à une simple psyché, la grande glace enfermée dans un châssis, très à la mode sous l’Empire. Le fauteuil Voltaire est inventé à cette époque, il possède un haut dossier rembourré et une assise basse, légèrement cambrée qui le rend confortable. Les petites tables, travailleuses, jardinières ou tables à jeu, se multiplient dans les intérieurs.

  • Armoire à glace

    Vers 1820-1825
    Bâti en chêne et peuplier, placage d’acajou ronceux, bois résineux pour la corniche, bronze ciselé et doré, glace, textile d’origine au revers de la porte
    H. : 224 cm - L. : 120 cm - Prof. : 53 cm
    Don de Monsieur Fournier en souvenir de sa soeur Mademoiselle Fournier, 1922
    Inv. 22563
    © MAD, Paris / Jean Tholance

    L’armoire à glace, récemment apparue à cette période, finit par détrôner la psyché (miroir sur pied) par son gain de place et sa double fonctionnalité. Celle-ci comprend un autre élément pratique : une applique à quatre lumières au-dessus de chaque montant. Le miroir en plein cintre est entouré d’une frise de roses. Les ornements en bronze, simples et délicats de couronne de laurier, de palmes et de rosaces sont encore issus du répertoire néoclassique. En revanche les montants en colonnette à double poire sont évocateurs, eux, du style Restauration.

  • Table à jeu

    Antoine-Nicolas Lesage (1784-1841)
    Paris, vers 1825
    Structure en peuplier et chêne, plaqué avec citronnier, érable moucheté, érable ondé incrustation et moulures en amarante et amarante massif, nacre, bronze doré, velours
    H. : 71 cm - L. : 38 cm - Ép. : 76 cm - Prof. : 54 cm
    Legs Arlette Blanchecape, 2005
    Inv. 2005.36.4
    © MAD, Paris / Jean Tholance

    Antoine-Nicolas Lesage, marchand qui tenait l’enseigne « À l’Union des Arts », rue de la Chaussée-d’Antin à Paris, passait commande à des ébénistes tels que Rémond, Jeanselme ou Goudel, célèbres ébénistes de la Restauration. Bâtie en chêne et peuplier, la table plaquée de bois clairs, est décorée par une fine marqueterie d’amarante, en vogue sous Charles X. Elle comporte un plateau pliable qui s’adapte à différents types de jeux. Les tables légères, au piètement en X, envahissent les intérieurs de l’époque.

  • Fauteuil gondole

    France, 1828
    Bâti de la traverse en hêtre, placage de frêne incrusté d’amarante, satin
    H. : 83 cm - L. : 54 cm - Prof. : 59 cm
    Dépôt Mobilier national, 1957
    Inv. MOB NAT GMT 11368.1
    © MAD, Paris / Jean Tholance

    Ce fauteuil gondole aux accotoirs en trompe, provient du salon, dit « indien » de l’appartement de la duchesse de Berry au Palais de Saint-Cloud. Le fauteuil gondole comporte une assise incurvée, il n’est pas une invention de cette époque mais son confort et ses lignes douces plaisent, les intérieurs sous la Restauration s’en voient chargés. Les placages de bois clairs et l’assouplissement des lignes sont les éléments qui définissent le plus aisément le style Charles X.

  • Pendule

    Paris, vers 1820
    Bronze doré
    H. : 44 cm - L. : 26 cm
    Donation Barthe-Dumez faite par Mademoiselle Cécile Dumez en souvenir de ses parents, 1923
    Inv. 23738
    © MAD, Paris / Jean Tholance

    La pendule de forme portique, déjà très répandue sous l’Empire, emprunte son architecture à celle d’un temple avec quatre colonnes à chapiteau auquel s’ajoute ici un décor de draperie sous le cadran. Sous l’entablement, des putti conduisant un char, lui-même trainé par des papillons, entourent le haut du cadran. La grammaire ornementale néoclassique attendrie par le thème amoureux devient représentative des bronzes de la Restauration.

  • Bras de lumière

    France, époque Charles X (1824- 1830)
    Bronze doré
    H. : 28 cm - L. : 19 cm - Prof. : 12 cm
    Legs Arlette Blanchecape, 2005
    Inv. 2005.36.17
    © MAD, Paris / Jean Tholance

    Cette applique en bronze doré à trois bras de lumière se présente sous la forme de putti surmonté d’un grand panier fleuri et tendant à chaque bras un vase orné de fleurs. Les vases et le panier forment les bobèches. Le vocabulaire ornemental du panier fait référence au style Louis XVI, revisité. Ce type d’éclairage se présentait par paire ce qui permettait de les positionner de part et d’autre d’une cheminée par exemple.