Louis-Philippe

Après la chute des Bourbons en juillet 1830, Louis-Philippe succède à son cousin Charles X et devient ainsi roi des Français de 1830 à 1848, période que l’on nomme monarchie de Juillet.

Vase flamand A
Claude-Aimé Chenavard (1798-1838)
France, vers 1833/1838
Bronze à vernis polychromes
H. : 59 cm - L. : 35,5 cm - Prof. : 17 cm
Achat, 2009
Inv. 2009.5.1
© MAD, Paris / Jean Tholance

Dans un contexte politique instable, c’est une monarchie parlementaire qui est mise en place, sur le modèle britannique. Louis-Philippe est très vite considéré comme « le roi-bourgeois ». L’un des plus grands projets culturels du roi est la création du musée d’histoire de France au château de Versailles. Il est à l’origine de nombreux réaménagements et nouveaux décors dans ses différentes demeures : le Palais-Royal, le château d’Eu, le château de Neuilly, celui de Fontainebleau, etc. Le mobilier en place, de style Empire, est conservé la plupart du temps. Néanmoins, cherchant une cohérence ou une uniformisation il n’hésite pas à faire modifier certains meubles anciens. Il cherche également à restituer l’état d’ameublement de l’Ancien Régime et tente de rassembler le mobilier de la couronne.

Contexte / influence

Le règne de Louis-Philippe est fortement marqué par l’historicisme et annonce le début d’un goût plus éclectique. On regarde vers le passé, mais plus seulement du côté de l’Antiquité : le Moyen Âge, la Renaissance, voire des périodes plus récentes comme le XVIIIe siècle. Cependant, on valorise les progrès techniques et industriels, et le mobilier est désormais produit en série, pour la majeure partie de la population. Le mobilier Louis-Philippe cherche à être confortable, notamment avec l’usage des ressorts qui remplacent les sangles pour les sièges, ainsi que celui des roulettes pour faciliter leur déplacement. Le mobilier en bois tourné, moins coûteux, connaît un véritable essor.

Pièces du service à dessert du duc d’Orléans : corbeille à fruits et paire de compotiers
Jean-François Denière (1774-1866), bronzier
Jean-Baptiste-Jules Klagmann (1810-1867), auteur du modèle, sculpteur
Paris, 1840-1842
Coupes en cristal gravé et doré, supports en bronze doré, argent niellé, incrustations de pierres : cornalines, chrysoprases, améthystes, grenats, agates, turquoises
Achat, 1911
Inv. 18273 A-C
© MAD, Paris / Jean Tholance

Formes

Les sièges ont souvent une poignée découpée dans la traverse supérieure. Pour tous les types de sièges, et notamment le fauteuil de bureau que l’on trouve dans tous les intérieurs bourgeois, les pieds antérieurs sont le plus souvent en console, en balustre ou en fuseau, quant aux accotoirs ils sont régulièrement à enroulement ou à consoles opposées. On retrouve dans de nombreux meubles la forme de la colonnette tournée, caractéristique de la période. La forme en doucine est largement utilisée pour les entablements et les corniches des armoires, ainsi que le bord des marbres.

Ornements

Chaise
France, vers 1835
Hêtre, noyer
H. : 119 cm - L. totale : 42,5 cm - Prof. max. : 39 cm
Don Jeanne Nail, 1936
Inv. 32601
© MAD, Paris / Jean Tholance

C’est le début des périodes « néo » : néo-gothique ou style troubadour, déjà amorcés sous la Restauration, néo-Renaissance, néo-Louis XV ou « rococo ». Les grands artistes du XVIe siècle sont pris en exemple : Palissy pour la céramique, Goujon pour la sculpture, etc. Les artistes puisent dans le vocabulaire ornemental inspiré de la Renaissance, tout en gardant une grande liberté : pilastres corinthiens, arabesques et entrelacs, rinceaux, personnages troubadour, anecdotes historiques autour de personnages illustres, Léonard de Vinci, Jeanne d’Arc, Henri IV. Les artistes se tournent également vers l’Extrême-Orient et s’inspirent de tout ce qui est dit « exotique » et extra-occidental : céramique islamique, laque japonais, textile indien ; autant pour les formes, les ornements, les matériaux que la technique.

Matériaux

Contrairement à ce qui était à la mode sous le règne de Charles X, on utilise le bois clair en incrustation sur des fonds sombres en acajou ou en palissandre. Dans une version plus économique, le poirier noirci est abondamment employé à partir de cette époque, en remplacement de l’ébène. Louis-Philippe apprécie particulièrement le mobilier « Boulle » écaille à fond rouge, et l’on voit apparaître à cette époque des meubles « dans le genre Boulle ».

Invention / création (meubles nouveaux)

Commode secrétaire
Louis-Alexandre Bellangé (1797-1861)
Paris, vers 1839-1843
Ébène et poirier noirci, acajou, bronze doré, marbre gris, cuir
H. : 101,2 cm - l. : 146 cm - Prof. : 64 cm
Don David David-Weill, 1931
Inv. 27907
© MAD, Paris / Jean Tholance

Les meubles se transforment et peuvent avoir plusieurs fonctions comme la commode-secrétaire ou la commode-toilette. Derrière leur simple apparence de commode, se cachent les éléments de toilette sur le dessus, un intérieur en marbre et une glace.

Le fauteuil-crapaud est créé à cette période. Il s’agit d’un fauteuil entièrement garni, sans bois apparent.

Associé à un nouvel espace de vie à la mode, le jardin d’hiver, le mobilier en fonte est très apprécié, il est solide et peut être fabriqué en série.

  • Commode-secrétaire

    Louis-Alexandre Bellangé (1797-1861)
    Paris, vers 1840
    Bâti en chêne et peuplier sur les côtés, placage d’ébène et de palissandre, poirier noirci, cuir, marbre, bronzes dorés
    H. : 101 cm - L. : 146 cm - Prof. : 64 cm
    Achat grâce au mécénat de M. D. David-Weill, 1931
    Inv. 27907
    © MAD, Paris / Jean Tholance

    Prenant la succession de son père, Louis-Alexandre Bellangé obtient les fonctions de fournisseurs de la maison du roi sous la Restauration. Cette commode relève à la fois de la recherche de fonctionnalité, de l’iconographie inspirée de la Renaissance ainsi que de l’usage de bois sombres, prisés à l’époque. Au centre des vantaux, des bas-reliefs en bronze doré de deux femmes drapées représentent l’Étude, un ouvrage dans les bras, et la Géographie près d’un globe. La serrure est dissimulée dans la bouche d’un mascaron.

  • Guéridon

    France, vers 1830
    Acajou ; dessus en marbre noir moucheté de blanc
    H. : 78 cm - Ép. : 98 cm
    Don Société Vallourec, 1979
    Inv. 46032
    © MAD, Paris / Jean Tholance

    Ce guéridon en acajou à l’allure tentaculaire par les six pieds partant de chaque côté d’un noyau central surmonté d’une cassolette, présente un épais plateau recouvert de marbre noir moucheté. Les pieds se terminent par un dauphin et prennent appui sur un plateau très large renforçant l’effet de symétrie. La structure massive et les courbes des pieds en volute et en console sont caractéristiques du style Louis-Philippe.

  • Fauteuil

    Ringuet Père et fils
    Paris, vers 1839
    Poirier noirci, bronze doré, bâti en hêtre pour les traverses, quatre roulettes
    H. : 129 cm - L. : 63 cm - Prof. : 70 cm
    Don baron Georges de Grandmaison, 1971
    Inv. 42922
    © MAD, Paris / Jean Tholance

    Ringuet-Leprince, ébéniste, menuisier en fauteuil et tapissier, rencontre un vif succès aux expositions des produits de l’industrie de 1839 et 1844 par la présentation de meubles de style très variés. Dans ce fauteuil que le XIXe siècle nommerait de « style Henri II », on observe un audacieux mélange entre une typologie Louis XIII, des ornements orientaux et néo-Renaissance. Ce fauteuil donné par la Reine Marie-Amélie à la comtesse de Lobau, dame d’honneur de sa bru Hélène Mecklembourg-Schwerin, est représentatif de l’historicisme qui se développe sous la monarchie de Juillet.

  • Pendule

    France, vers 1835-1850
    Bronze doré
    H. : 55 cm - L. : 21 cm - Prof. : 13 cm
    Legs Maurice Quentin Bauchart, 1911
    Inv. 17760
    © MAD, Paris / Jean Tholance

    Le style « à la cathédrale », qui prend son essor sous la Restauration, se décline dans tous les objets du quotidien, privilégiant un vocabulaire néo-gothique. Cette typologie de pendule, éditée en grand nombre et souvent anonyme, connaît un certain succès dans les intérieurs bourgeois à partir des années 1840. Elle évoque l’architecture d’une église ou une cathédrale gothique. Surmontée d’un clocheton, la pendule repose sur un socle rectangulaire à gradins et son cadran s’inscrit dans une rosace, flanquée de deux colonnettes sommées de pinacles.

  • Lustre à douze lumières

    France, vers 1835
    Bronze doré
    Achat, 1962
    Inv. 39379
    © MAD, Paris / Cyrille Bernard

    De style dit « troubadour », ce lustre à douze bras de lumière emprunte la forme d’une lampe à huile à l’antique ornée d’une frise de trilobes, suspendue par des chaines à une couronne de trèfles. Le motif du trilobe renvoie à une idéalisation de l’ornement médiéval. Le cul de lampe se termine par un culot en forme de pomme de pin stylisée.