Second Empire

Napoléon III, neveu de Napoléon Ier, est élu d’abord comme président de la Seconde République pour une très courte période, de décembre 1848 à 1851. Puis, après le coup d’État le 2 décembre 1851, l’Empire est rétabli jusqu’en 1870.

Statuette
François Willème (1830-1905)
Paris, vers 1863-1868
Biscuit en photosculpture
H. : 52 cm - L. max. : 53 cm - Prof. max. : 30 cm
Achat, 1956
Inv. 37951
© MAD, Paris / Jean Tholance

La première décennie est le temps de la prospérité économique du pays, de l’industrialisation et des fastes de la cour impériale. Dans un contexte hygiéniste, il entreprend de grands travaux d’urbanisation de la capitale qui sont dirigés par le baron Haussmann, préfet de Paris.

Contexte / influence

Nef
Fannière Frères
Paris, 1869
Argent ciselé
H. max. : 72 cm - L. totale : 67 cm - Prof. : 24,5 cm
Don Comte Charles de Lesseps en mémoire de Ferdinand de Lesseps, son père, 1907
Inv. 15688
© MAD, Paris / Jean Tholance

L’éclectisme déjà perceptible sous la monarchie de Juillet prend de l’ampleur et on n’hésite plus à mélanger les styles Louis XIV, Louis XV et Louis XVI, tout en y ajoutant des formes rocailles et du confort par les ressorts et les capitons. Certains ébénistes comme Beurdeley, Sormani, Zwiener, se spécialisent dans la copie XVIIIe. La princesse Eugénie est tellement fascinée par Marie-Antoinette que le néo-Louis XVI est nommé « Louis XVI-impératrice ». Les « revivals » sont donc à leur apogée durant le Second Empire : le néo-gothique grâce notamment aux publications de Viollet-le-Duc, et le néo-Renaissance. La diversité des goûts et des styles est sans limite chronologique ni géographique. Les objets inspirés ou importés de Chine et du Japon abondent le marché. Les artistes regardent également vers le proche ou Moyen Orient et les arts de l’Islam.

Formes

Cabinet à deux corps
Henri-Auguste Fourdinois (1830–1907)
Nivillier (dessins d’ornements)
Party (modelage des corps)
Hugues Protat, Primo et Maigret (sculptures)
France, 1867
Noyer sculpté, incrustations du jaspe sanguin et de lapis-lazuli, intérieur incrusté d’ivoire et d’argent
H. : 253 cm - L. : 143 cm - Prof. : 60 cm
Legs de Marguerite Antoinette Fourdinois, 1922
Inv. 29921
© MAD, Paris / Jean Tholance

Il est difficile de définir des formes caractéristiques du Second Empire, à tel point que les jurys des expositions universelles déplorent ce manque d’unité, ou d’une tendance nouvelle qui serait propre à cette époque. C’est cependant par cette variété des références que l’on peut définir le style Second Empire. Le néo-Renaissance permet l’interprétation de modèle complexe et une iconographie variée. L’armoire à deux corps, le cabinet et les meubles à l’architecture typiquement Renaissance connaissent un vif succès.

Ornements

Si les artistes puisent aux styles du passé ou vers d’autres cultures, ils n’hésitent pas à mêler ces différents emprunts. C’est surtout dans le foisonnement et l’accumulation des motifs que le mobilier Napoléon III est caractéristique. Du style Louis XIV, on retient les appliques en console, les masques de lion. Du répertoire rocaille, ce sont les motifs floraux, rinceaux, guirlandes de fleurs et coquilles. De l’art islamique, on retient de nouveaux motifs floraux ou géométriques et du néo-Renaissance ce sont les allégories, les figures mythologiques. On cherche à imiter d’autres matières par la sculpture en bois comme sur le pouf, gros tabouret cylindrique, qui présente des formes de pied variés : pied en motif de cordage, bambou, etc.

Matériaux

Travailleuse
Jennens & Bettridge
Birmingham, vers 1850
Piétement en bois noirci, travailleuse en papier mâché laqué, incrustations de nacre, décor peint et doré
H. : 88 cm - L. de la base : 53 cm
Acquis grâce au mécénat de Michel et Hélène David-Weill, 1995
Inv. 994.84.1
© MAD, Paris / Jean Tholance

Le tapissier et l’emploi de tissus pour les rideaux, portières, moquettes et l’ensemble du mobilier, jouent un rôle très important jusqu’à en donner son nom : le style tapissier. Les pieds des poufs ou des fauteuils confortables, souvent sur roulettes, sont dissimulés sous de hautes franges de passementerie. Le capiton fait son grand retour pour donner un aspect très confortable au meuble. Il s’agit d’un rembourrage de crin, et une pose particulière du tissu plié et piqué pour former des petits losanges. Le mobilier plus ordinaire est fait à partir de matériaux tels que l’osier ou le rotin. Le mobilier en papier mâché, fait en carton bouilli et plâtre et arrivé d’Angleterre sous Louis-Philippe, laqué noir avec incrustation de nacre, connaît un véritable engouement. Le mobilier en bois noirci est particulièrement apprécié à l’époque.

Invention / création (meubles nouveaux)

Chaise pour l’habit
France, vers 1860
Bois noirci, velours
H. : 89 cm - L. totale : 50 cm - Prof. max. : 60 cm
Achat, 1927
Inv. 25813
© MAD, Paris / photo : Jean Tholance

Le Second Empire est une période prolifique en matière de nouveau mobilier et particulièrement pour tous les genres de sièges : la borne, grand canapé circulaire agrémenté au centre d’un élément décoratif (jardinière, potiche, etc.) et dont on ne voit généralement pas la structure en bois car elle est recouverte de tissu et d’une frange de passementerie. La chaise fumeuse sur laquelle on s’assoit à califourchon, est destinée aux hommes. Le mobilier à la mode est la chauffeuse, le confident ou l’indiscret selon si l’on est un ou plusieurs à vouloir prendre place à la conversation, ou encore la boudeuse si l’on se tourne le dos.

  • Meuble d’appui

    Louis-Auguste-Alfred Beurdeley (1808-1882)
    France, vers 1880
    Bâti en cèdre, placage de palissandre de Rio, de sycomore pour la ceinture, en noyer pour l’intérieur des tiroirs, bronzes dorés, marbre, panneaux peints à l’huile et vernis
    H. : 106 cm - L. : 158 cm - Prof. : 47 cm
    Legs de Mme Andrée Sablé, née Andrée Laure Néret, provenant de la collection de son père, M. Georges Néret, 1978
    Inv. 46514
    © MAD, Paris / Jean Tholance

    La maison Beurdeley, dirigée par Louis-Auguste-Alfred Beurdeley puis par son fils Alfred-Emmanuel-Louis dès 1875, travaillant le bois et le bronze, se spécialise dans la copie de mobilier du XVIIIe siècle. L’influence est visible autant dans la forme que dans le décor de ce meuble. La marqueterie de palissandre en chevron, les panneaux peints et vernis des trois vantaux, ainsi que l’emploi de frises de rinceaux fleuris, de feuilles d’eau, de rubans et de perles, dont l’exécution est particulièrement minutieuse, sont issus du répertoire de style Louis XVI.

  • Table de milieu

    François Gautier
    Paris, vers 1860
    Bâti de peuplier, ébène, ivoire, filets de laiton, bronze doré ; bâti en chêne, bronze doré, ébène, marqueterie d’ivoire gravé
    H. : 75 cm - L. : 126 cm - Prof. : 73 cm
    Don Marc Rapy, 1931
    Inv. 27903
    © MAD, Paris / Jean Tholance

    Les matériaux, la technicité et le décor illustrent la réappropriation du style Renaissance au milieu du XIXe siècle. La marqueterie d’ébène et d’ivoire, très prisée à partir des années 1860, crée un important jeu d’optique et de contraste. Le décor du plateau s’inspire des grotesques et arabesques, type d’ornement associant des figures humaines, des animaux, des monstres, des rinceaux et a connu un grand succès à la Renaissance. Le piètement en bronze doré est formé de cariatides ailées et engainées, qui se réunissent par une entretoise surmontée d’un vase à l’antique très richement décoré.

  • Chauffeuse

    France, vers 1860
    Acajou, lampas de soie et franges de passementerie
    H. : 83 cm - L. : 60 cm - Prof. : 78 cm
    Achat, 1929
    Inv. 26789
    © MAD, Paris / Jean Tholance

    Les chauffeuses, sièges confortables à l’assise basse placées près des cheminées, garnissent les chambres et salons du Second Empire. Les garnitures capitonnées connaissent alors un véritable succès. Les épais rembourrages en crin ou laine sont le plus souvent munis de ressorts, gage de confort et de modernité. Le capiton est le façonnage du tapissier dont le plissage du tissu forme des losanges maintenus par des boutons. Cette chauffeuse est garnie d’un lampas de soie et d’une longue frange de passementerie dissimulant les pieds qui disposent de roulettes à l’avant. Ce fauteuil incarne le désir de légèreté associé à un souci de confort, emblématique d’un fastueux Second Empire.

  • Pendule « persane »

    Adolphe-Victor Geoffroy-Dechaume (1816-1892) ; Auguste-Maximilien Delafontaine (1813-1892)
    Paris, vers 1852
    Bronze doré et argenté, émail, marbre
    H. : 45 cm - L. : 31 cm - Prof. : 20 cm
    Don Laurent Vanlian, 2016
    Inv. 2016.19.1.1-5
    © MAD, Paris / Jean Tholance

    Fruit d’une riche collaboration entre le sculpteur Geoffroy-Dechaume, le bronzier Delafontaine, et le peintre Emerich, cette garniture de cheminée en bronze doré et argenté se compose d’une pendule, d’une paire de candélabres et de deux coupes sur pieds dans un style orientalisant dit « persan » en vogue au milieu du XIXe siècle. Les animaux fantastiques et le jeu de transparence par toutes les arabesques ajourées sont issus du répertoire islamique et médiéval.

  • Lampe

    Théodore Deck (1823-1891)
    France, vers 1870
    Faïence, bronze doré, verre dépoli
    H. : 31 cm
    Don Madame Leroy, 1936
    Inv. 32457.A
    © MAD, Paris / Jean Tholance

    Cette lampe en faïence bleu turquoise de Théodore Deck – couleur qui lui valut sa réputation et prendra même le nom de « bleu de Deck » – présente un décor de rinceaux dans le style mauresque. La monture en bronze est ajourée à la façon d’un moucharabieh. L’Orient devient une source d’inspiration féconde à partir des années 1860. Le motif du dragon en application doré sur le globe en verre dépoli présente lui une influence chinoise.