Louis XV

Bureau « à la Bourgogne »

Fermé, ce meuble s’apparente à un simple bureau plat dont la ceinture serait pourvue de tiroirs ouvrant par des poignées de bronze doré. Cependant, après avoir rabattu vers l’avant la moitié du plateau, une simple pression du doigt sur deux boutons feints, dissimulés dans la marqueterie sur les côtés du bureau, fait surgir un caisson de petits tiroirs. Sous le plateau, des couvercles coulissants dissimulent d’autres compartiments. Cette typologie de bureau aurait été conçue par Jean-François Œben pour le frère du futur Louis XVI, le jeune duc de Bourgogne (1751-1761) qui, souffrant de tuberculose osseuse, avait besoin d’un mobilier adapté.

Candélabre

À l’époque rocaille, les objets fonctionnels sont également décoratifs et destinés à s’intégrer harmonieusement aux différentes pièces de la maison. Parmi les sources d’éclairage, les flambeaux font partie des éléments les plus mobiles, ils peuvent être installés sur la tablette de la cheminée, les consoles, les tables et les bureaux. Pour autant certains sont de véritables œuvres d’art. Les marchands-merciers à la fois commerçants, décorateurs et prescripteurs de goût, suscitent la création d’objets composites tel ce candélabre à trois lumières de bronze doré orné de figures en porcelaine de Meissen, qui est surtout un objet de décoration exceptionnel.

Commode

Les années 1740 sont marquées par l’éclosion d’un goût nouveau, la chinoiserie qui a pour origine l’importation massive d’objets d’Extrême-Orient collectionnés par les amateurs d’exotisme. C’est dans ce contexte que se développe le vernis Martin, technique visant à imiter celle des laques orientales pour recouvrir boiseries, meubles, carrosses et objets du quotidien. Le décor de cavaliers, en raison de sa composition, du choix des couleurs et du relief atteste de la grande maîtrise du vernisseur. Guidé par les idées du marchand-mercier qui a suscité cette création, l’ébéniste a procédé au montage du panneau, découpé avec habileté pour créer les deux tiroirs et intégrer, subtilement, les poignées de bronze doré au décor.

Fauteuil à la reine

Avec ses pieds courbes, ses supports d’accotoirs sinueux placés en retrait et non plus dans le prolongement des pieds, ce fauteuil présente toutes les caractéristiques du style rocaille. En vigueur à partir des années 1740, il brise la symétrie à la mode sous le règne de Louis XIV. Le bois du siège est fait de courbes et contre-courbes tandis que son décor sculpté et peint, composé de feuilles et de fleurs, est en accord avec la tapisserie qui le recouvre. L’harmonie régnait entre le mobilier et les boiseries mais aussi avec le décor textile : les étoffes couvrant les murs, les rideaux et tapis.

Horloge « de parquet »

L’horloge est dite « de parquet » car elle est posée au sol. À mi-chemin entre l’instrument scientifique et le meuble, les horloges témoignent du goût pour les sciences et les techniques. Afin de faciliter la lecture de l’heure, le cadran est placé en hauteur ; la grande taille de la caisse est due à la présence des poids du balancier dont la longueur est indispensable à la précision du mécanisme. Le décor de frisage, qui est une technique de marqueterie géométrique, est généralement coordonné à l’ensemble des meubles installés dans la pièce. Sa forme élancée est tempérée par le décor de bronze doré, qui souligne les différentes parties de l’horloge.

Louis XV

Candélabre
Juste-Aurèle Meissonnier (1695-1750)
Claude Duvivier (v. 1688-1747)
Paris, 1734-1735
Argent
H. : 38,5 cm - l. : 21,5 cm
Don David et Flora David-Weill, 1937
Inv. 32632
© MAD, Paris / Jean Tholance

Louis XV est l’arrière-petit-fils de Louis XIV. Son règne (1715-1774) est marqué par la paix et la prospérité économique du pays. Pour répondre à la demande d’une riche clientèle, les architectes et les décorateurs aménagent des appartements privés où l’on recherche plus de confort et d’intimité. Les pièces se font plus petites et plus chaleureuses, les plafonds moins hauts, les boiseries sont peintes dans des couleurs douces et délicates. Ces intérieurs deviennent l’écrin d’un art de vivre élégant et raffiné.

Le décor intérieur est considéré comme un ensemble. Les lignes, les couleurs et les motifs sont choisis pour s’harmoniser du mobilier (fauteuils, tables…) jusqu’aux objets décoratifs (vases, chandeliers…).

Fauteuil cabriolet
Louis Delanois
Paris, vers 1760
Noyer, velours gaufré
H. : 83 cm - l. : 56 cm - Prof. : 47 cm
Achat 1922
Inv. 22761
© MAD, Paris / Jean Tholance

En réaction à l’époque Louis XIV où le mobilier était à l’image de son monarque, imposant et majestueux, le mobilier Louis XV se caractérise par sa légèreté. Il invite au confort et à la détente. Les formes s’arrondissent. Les pieds des meubles prennent des formes courbes jusqu’à, parfois, se transformer en de gracieux sabots de biche.

Les collectionneurs et les cours européennes se passionnent pour les objets venus de Chine. Ils seront copiés et interprétés par les créateurs français pour mieux correspondre au goût de l’époque. La période Louis XV voit l’épanouissement de cette mode. Pagodes et pivoines, singes et dragons, c’est un monde exotique et enchanté qui inspire la décoration des intérieurs comme des objets.