Les années 1960-1970 sont celles d’une révolte sociale et culturelle. Cette période de bouleversements mais aussi de prospérité est également celle de toutes les utopies et de tous les rêves de consommation. « Les Choses » de Georges Perec, paru en 1965, s’en font l’écho avant que la crise économique consécutive au choc pétrolier de 1973 ne mette fin à l’optimisme généralisé des Trente Glorieuses.

Catalogue Prisunic 11, printemps-été 1974
Prisunic, 1974
Impression en couleur sur papier
Bibliothèque du Musée des Arts Décoratifs
Inv. XR-335-11
© MAD, Paris / Jean Tholance

Au-delà d’être des années estampillées optimisme, boom économique et euphorie, les années 1960 remettent en question l’autorité du passé et délaissent les idéaux et les concepts du premier modernisme des années 1920 et des années 1930, dans tous les domaines, que ce soit celui de l’aménagement intérieur, des objets ou des structures politiques. La culture pop et les mouvements de contre-culture génèrent de nouveaux langages formels, une nouvelle esthétique et des innovations techniques grâce à l’utilisation exclusive et intensive des matières plastiques et de leurs dérivés actant ainsi la grande série dans la production d’objets. Si la volonté de mettre le design à la portée du plus grand nombre est le leitmotiv des années 1960, la décennie suivante ouvre la voie à l’éphémère, au gonflable, au confort sans conformisme, aux espaces domestiques multifonctionnels, modulaires et expérimentaux. L’idée du meuble fonctionnel est obsolète et cède la place à des notions plus utopiques et plus oniriques comme celle du « paysage domestique »