L’objectif est d’associer chaque meuble à sa période stylistique.
Classés selon 5 catégories (mesurer le temps, éclairer, s’asseoir, ranger, poser), des objets sont proposés dans la partie supérieure de l’écran.
Il vous faut les placer dans l’un des 20 « intérieurs » correspondant à chacune des périodes déterminées par les équipes scientifiques du musée, du Moyen Âge aux années 2020.
« À partir de 11 ans » : les objets sont présentés par ordre chronologique et l’objet à associer à la période clignote sur fond gris. Les textes comme les périodes sélectionnées sont adaptés aux jeunes dès l’âge de 11 ans.
« Amateur » : les objets sont présentés par ordre chronologique et l’objet à associer à la période clignote sur fond gris.
« Expert » : les objets sont présentés dans le désordre et vous ne disposez d’aucune aide. En revanche, vous accédez aux informations relatives aux objets et aux périodes.
« Freestyle » : laissez libre cours à votre imagination pour constituer les intérieurs de vos rêves tout en découvrant les œuvres de nos collections.
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Émile Peyre (1828-1904) [1/2] « Mon nom est Émile Peyre. Architecte-décorateur et collectionneur, je suis né à Bruxelles en 1828. Je suis d’abord sculpteur ornemaniste sur bois, avant de devenir architecte-décorateur sous le Second Empire. Si on me décrit comme « un original un peu sauvage recevant ses amis dans le fouillis invraisemblable de l’avenue de Malakoff coiffé d’une toque et trottant à travers ses salons », j’aime passionnément le Moyen Âge : le musée me doit la grande majorité de ses chefs-d’œuvre pour cette période, notamment les retables italiens et espagnols... »
Moyen Âge
> 1500
Émile Peyre (1828-1904) [2/2] « En 1904, je lègue au musée la totalité de ma fortune s’élevant à près d’un million de francs ainsi que toute ma collection. Ce legs, composé de tableaux, de tapisseries, de meubles et d’objets d’art allant du XIIIe au XVIIIe siècle, vint accroître d’une manière considérable (près de 2500 objets) les collections. »
Renaissance
1500 - 1570
Jules Maciet (1846-1911) [1/3] « Je m’appelle Jules Maciet. Né en 1846, je suis issu d’un milieu aisé et hérite de mes parents d’une solide fortune et d’une bibliothèque de quelques 30 000 volumes. Érudit, amateur d’art, je suis plus philanthrope que collectionneur et fais don des œuvres que j’achète pour l’éducation artistique de tous. »
Louis XIII
1570 - 1660
Jules Maciet (1846-1911) [2/3] « Hanté par la propagation de l’art, armé de ma paire de ciseaux, je découpe frénétiquement depuis 1885 des milliers de volumes et classe les images méthodiquement ; cette marotte va m’occuper jusqu’à ma mort. Consultables à la bibliothèque du Musée des Arts Décoratifs, ces albums, qui portent mon nom, sont aujourd’hui encore une véritable mine d’informations et une source infinie d’inspiration. »
Louis XIV
1660 - 1700
Jules Maciet (1846-1911) [3/3] « Au cours de mes nombreux voyages, j’ai accumulé des sculptures étrangères, un ensemble de céramiques islamiques, des tapis et de magnifiques tapisseries du XVIe siècle que j’ai légué au musée. Soit 2404 œuvres données en trente ans ! »
Régence
1700 - 1730
Moïse de Camondo (1860-1935) [1/3] « Mon nom est Moïse de Camondo. Issu d’une riche famille de banquiers turques, je né à Istanbul en 1860 et arrive en France à 9 ans avec mes parents. Collectionneur infatigable, je me passionne très tôt pour les arts décoratifs français du XVIIIe siècle que je considère comme l’apogée de l’art de vivre. Pour constituer ma collection, je fréquente les grands antiquaires parisiens et les ventes aux enchères. »
Louis XV
1730 - 1757
Moïse de Camondo (1860-1935) [2/3] « Patient et tenace, je parviens à réunir des meubles séparés qui faisaient partie d’une même paire. Parfois, je procède à des échanges, toujours à la poursuite d’une perfection idéale du XVIIIe siècle. À partir de 1911, je décide de construire, pour abriter ma collection, un hôtel particulier inspiré du Petit Trianon qui deviendra à ma mort en 1935 le Musée Nissim de Camondo. »
Transition
1757 - 1770
Moïse de Camondo (1860-1935) [3/3] « Voici ce que j’écris dans mon testament : “Désirant perpétuer la mémoire de mon père le comte Nissim de Camondo et celle de mon malheureux fils, le lieutenant pilote aviateur Nissim de Camondo, tombé en combat […], je lègue au musée des Arts décoratifs mon hôtel particulier tel qu’il se comportera au moment de mon décès. Il sera donné à mon hôtel le nom de Musée Nissim de Camondo […]. En léguant à l’État mon hôtel et les collections qu’il renferme, j’ai en vue de conserver dans son intégralité l’œuvre à laquelle je me suis attaché de la reconstitution d’une demeure artistique du XVIIIe siècle”. »
Louis XVI
1770 - 1795
Alexandrine Grandjean (1825-1909) [1/3] « Je suis Alexandrine Grandjean. Née en 1825, je suis héritière d’un père antiquaire et ai grandi entourée d’œuvres d’art, développant très tôt ma passion pour le bel objet. Si je n’exerce pas moi-même l’activité d’antiquaire, mon indépendance financière me permet d’acquérir des chefs-d’œuvre, au fil des ventes. »
Directoire / Consulat
1795 - 1800
Alexandrine Grandjean (1825-1909) [2/3] « Restée célibataire, je lègue au Musée des Arts Décoratifs ma propriété de la rue de Courcelles ainsi que les terrains qui l’entourent et les dépendances, avec tout ce qu’elle contient, faisant de moi l’une des plus grandes contributrices à l’enrichissement de ses collections. »
Empire
1800 - 1815
Alexandrine Grandjean (1825-1909) [3/3] « Parmi les 1417 œuvres de mon legs : peintures, sculptures, porcelaines, bronzes, émaux, meubles, aux qualités quasi irréprochables, participent de l’évocation du savoir-faire des artistes et artisans du Moyen Âge au début du XIXe siècle tant occidentaux qu’asiatiques. »
Restauration
1815 - 1830
Henri Bouilhet (1830-1910) [1/2] « Mon nom est Henri Bouilhet. Neveu et beau-frère de Charles Christofle, fondateur de la prestigieuse Maison Christofle, je sors de l’École Centrale en 1851 en tant qu’ingénieur chimiste et rentre chez Christofle où je mets au point la galvanoplastie, technique électrolytique d’orfèvrerie servant à la reproduction d’objets, dont le Musée des Arts Décoratifs possède de nombreux exemples. »
Louis-Philippe
1830 - 1848
Henri Bouilhet (1830-1910) [2/2] « En 1910, je suis nommé président de l’Union Centrale des Arts Décoratifs après avoir été l’un de ses membres fondateurs. L’une de mes plus grandes fiertés est d’avoir contribué à sauver le célèbre surtout de table des Tuileries ayant appartenu à Napoléon III : retrouvé dans les ruines fumantes du Palais incendié en 1871, il fut racheté par la manufacture puis nous décidâmes, Paul Christofle et moi-même, de le donner au musée dont il est l’un des chefs-d’œuvre du département XIXe siècle. »
Second Empire
1848 - 1890
Georges Hoentschel (1855-1915) « Je m’appelle Georges Hoentschel. Né en 1855, je suis architecte-décorateur : je travaille au tournant du siècle pour tout ce que Paris compte d’amateurs éclairés mais aussi pour le roi de Grèce ou l’empereur du Japon. Je réalise le pavillon de l’Union centrale des Arts décoratifs à l’Exposition universelle de 1900 à Paris, dont le salon du Bois sera présenté dans le palais national français à l’Exposition internationale de Saint-Louis (Missouri) en 1904. La boiserie est adaptée et réinstallée par moi-même, pour l’ouverture du Musée des Arts Décoratifs en mai 1905, dans une salle du pavillon de Marsan, où vous pouvez encore l’admirer aujourd’hui. Ami de Marcel Proust, Auguste Rodin, Georges Feydeau, Giovanni Boldini, Edgar Degas, Victor Hugo et bien d’autres, je fus également céramiste : certaines de mes œuvres sont présentées au Metropolitan Museum of Art de New York. »
Art nouveau
1890 - 1910
Louis de Polignac (1909-1996) [1/2] « Issu d’une des plus anciennes familles de la noblesse française dont descend aujourd’hui la famille princière de Monaco, mon nom est Louis de Polignac. Né en 1909, je suis également le cousin par alliance de Marie-Blanche de Polignac, née Marguerite Lanvin, fille unique de Jeanne Lanvin. En 1920, la célèbre créatrice de mode confie au décorateur Armand-Albert Rateau l’aménagement de son hôtel particulier, 16 rue Barbet-de-Jouy à Paris. Rateau, qui partageait avec elle le goût des matières nobles et des matériaux rares, puisa l’inspiration dans l’Antiquité et l’Orient et proposa des motifs zoologiques et végétaux dans un univers décoratif très personnel. »
Art déco
1910 - 1940
Louis de Polignac (1909-1996) [2/2] « Nommé administrateur de la société Lanvin en 1941, je décide de donner en 1965 au Musée des Arts Décoratifs l’ensemble du mobilier des appartements privés de Jeanne Lanvin, dont les trois pièces – salle de bain, boudoir et chambre – sont présentées dans des period rooms au sein du département Art déco du Musée des Arts Décoratifs. »
Modernisme
1920 - 1940
Niki de Saint-Phalle (1930-2002) [1/4] « Née Catherine Marie-Agnès Fal de Saint-Phalle, on me connaît sous le nom de Niki de Saint-Phalle. Née en 1930, je fus mannequin avant de devenir peintre, sculpteur et réalisatrice de films. En 1952, alors mariée au romancier Harry Mathews, je peins mes premières huiles et gouaches. »
Années 1940-1950
Niki de Saint-Phalle (1930-2002) [2/4] « Après mon divorce en 1960, je poursuis mes expériences artistiques notamment sous forme d’assemblages en plâtre et de tableaux-tirs. Puis, je m’installe avec le sculpteur Jean Tinguely et rencontre Pontus Hulten, directeur du Moderna Museet de Stockholm qui expose l’une de mes sculptures : la femme couchée Hon-en Katedral (« Elle » en cathédrale), dans laquelle pénètrent les visiteurs. »
Années 1960-1970
Niki de Saint-Phalle (1930-2002) [3/4] « Influencée par Gaudí, je crée le Jardin du Tarot à Garavicchio en Toscane et, en collaboration avec Tinguely, réalise en 1982 une fontaine-sculpture à deux pas du Centre Georges Pompidou. »
Années 1980-1990
Niki de Saint-Phalle (1930-2002) [4/4] « En 2000, je lègue au Musée des Arts Décoratifs 20 sculptures, objets décoratifs et utilitaires qui témoignent de mon goût pour l’objet, sur lequel j’applique son vocabulaire ludique et coloré. » [4/4]
Chair_ONE fait partie des pièces de design qui, au début du XXIe siècle, se distinguent par l’emploi de matériaux inhabituels dans le domaine du mobilier. Chair_ONE est une pièce marquante par l’usage du béton, matériau de l’architecture. La recherche d’un langage formel renouvelé, mais aussi l’expérimentation de matériaux inédits ou de nouveaux procédés de fabrication sont l’apanage du travail de Konstantin Grcic.
Années 1980-1990
Fauteuil Costes
Philippe Starck (né en 1949) ; édition Driade, Italie
Ce fauteuil tripode incarne, au-delà de la fonction et du confort, l’esthétique néo-moderne des années 1980, comme un écho au fauteuil club traditionnel.
Il a été créé pour le Café Costes à Paris, grand café populaire qui devient vite un haut lieu de rassemblement de la jeunesse chic et branchée et dont l’aménagement a été confié à Philippe Starck, une des plus grandes figures du design contemporain.
Années 1960-1970
Fauteuil Bulle
Christian Daninos (11944-1992), créateur ; édition Formes Nouvelles
Ce fauteuil à la forme enveloppante est caractéristique de la vision hédoniste et des nouveaux modes de vies des années 1960. Des matériaux comme le Plexiglas, inconnu dans les décennies précédentes pour le mobilier, permettent cette liberté formelle et cette transparence.
Années 1940-1950
Chauffeuse Antony
Jean Prouvé (1901-1984)
France, vers 1954
Tôle et tube d’acier laqués, contreplaqué de hêtre
Dans l’après-guerre, la France cherche à combler son déficit en logements et équipements universitaires. Jean Prouvé remporte le concours d’ameublement de la cité universitaire Jean-Zay d’Antony et dessine spécialement un modèle de siège en contreplaqué moulé dont la ligne souple prouve que l’économie de moyen et la fonctionnalité du mobilier n’enlèvent rien à une certaine recherche formelle. Cette chaise basse s’apparente à une chauffeuse qui devient une typologie très en vogue à cette époque.
Modernisme
Chaise longue basculante B306
Le Corbusier (Charles-Édouard Jeanneret dit) 1887-1965) ; Charlotte Perriand (1903-1999) ; Pierre Jeanneret (1896-1967) ; édité par Thonet
France, 1928 (création du modèle) et 1930 (édition)
Piètement en tôle d’acier peinte, structure en tube d’acier chromé, caoutchouc ; sans garniture
Présentée au Salon d’Automne de 1929, le premier modèle de cette chaise longue basculante réalisé par le trio Le Corbusier, Charlotte Perriand et Pierre Jeanneret, est ensuite édité l’année suivante sous le nom de B306 par la firme Thonet. Conçue avec des matériaux nouveaux pour l’époque, comme le tube en acier, cette assise mêle formes épurées et fonctionnelles. Adaptée à la position du corps, avec son appuie-tête et son inclinaison variable, celle-ci est pensée de manière rationnelle, tel un équipement pour la vie quotidienne, afin d’optimiser le confort de son usager. Pendant les années 1940, Perriand en fabrique une nouvelle version en bambou. Aujourd’hui considérée comme une icône de la modernité, cette chaise longue est, depuis les années 1960, diffusée par Cassina sous le nom de LC4.
En puisant son inspiration dans de multiples sources, allant de l’Antiquité aux arts décoratifs orientaux, Armand-Albert Rateau réalise un mobilier au style unique et inclassable. Ce fauteuil, qui appartenait au créateur, en est un parfait exemple. Son travail est d’ailleurs remarqué par une clientèle prestigieuse, dont la couturière Jeanne Lanvin, qui lui commande l’aménagement de son hôtel particulier à Paris. Un siècle plus tard, il reste l’une des figures les plus emblématiques de sa période et source d’inspiration féconde pour les nouvelles générations.
Art nouveau
Chaise aux ombelles
Émile Gallé (1846-1904)
Nancy, 1904
Hêtre mouluré, sculpté, ajouré ; garniture en velours
H. : 95 cm - L. : 95 cm - Prof. : 95 cm
Don de Paule Chardin au nom de sa mère, Madame Veuve Chardin, 1968
Émile Gallé fut chargé de la décoration intérieure de l’hôtel particulier d’Édouard Hannon, riche ingénieur belge. La chaise fait partie d’un mobilier de salon entièrement décliné autour du motif de l’ombelle, ensemble de petites fleurs réunies en plusieurs groupes formant une sphère. Grand représentant de l’École de Nancy et de l’Art nouveau, Gallé puise son inspiration dans la nature, toutefois, le motif floral ici, n’est pas un élément décoratif mais bien un élément structurel et vient donner la forme du dossier, cherchant à créer un nouveau répertoire de forme.
Second Empire
Chauffeuse
France, vers 1860
Acajou, lampas de soie et franges de passementerie
Les chauffeuses, sièges confortables à l’assise basse placées près des cheminées, garnissent les chambres et salons du Second Empire. Les garnitures capitonnées connaissent alors un véritable succès. Les épais rembourrages en crin ou laine sont le plus souvent munis de ressorts, gage de confort et de modernité. Le capiton est le façonnage du tapissier dont le plissage du tissu forme des losanges maintenus par des boutons. Cette chauffeuse est garnie d’un lampas de soie et d’une longue frange de passementerie dissimulant les pieds qui disposent de roulettes à l’avant. Ce fauteuil incarne le désir de légèreté associé à un souci de confort, emblématique d’un fastueux Second Empire.
Louis-Philippe
Fauteuil
Ringuet Père et fils
Paris, vers 1839
Poirier noirci, bronze doré, bâti en hêtre pour les traverses, quatre roulettes
Ringuet-Leprince, ébéniste, menuisier en fauteuil et tapissier, rencontre un vif succès aux expositions des produits de l’industrie de 1839 et 1844 par la présentation de meubles de style très variés. Dans ce fauteuil que le XIXe siècle nommerait de « style Henri II », on observe un audacieux mélange entre une typologie Louis XIII, des ornements orientaux et néo-Renaissance. Ce fauteuil donné par la Reine Marie-Amélie à la comtesse de Lobau, dame d’honneur de sa bru Hélène Mecklembourg-Schwerin, est représentatif de l’historicisme qui se développe sous la monarchie de Juillet.
Restauration
Fauteuil gondole
France, 1828
Bâti de la traverse en hêtre, placage de frêne incrusté d’amarante, satin
Ce fauteuil gondole aux accotoirs en trompe, provient du salon, dit « indien » de l’appartement de la duchesse de Berry au Palais de Saint-Cloud. Le fauteuil gondole comporte une assise incurvée, il n’est pas une invention de cette époque mais son confort et ses lignes douces plaisent, les intérieurs sous la Restauration s’en voient chargés. Les placages de bois clairs et l’assouplissement des lignes sont les éléments qui définissent le plus aisément le style Charles X.
Ce fauteuil à devant cintré présente deux pieds antérieurs en gaine reposant sur le sol par une patte de lion. Les pieds se prolongent et les têtes sculptées de sphinge portant la coiffure égyptienne du némès forment les accotoirs. Ceux-ci se rattachent au dossier carré par une fleur de lotus. Cette thématique décorative, à la mode en cette période napoléonienne que l’on nomme « retour d’Égypte », est typique du répertoire néoclassique empreint de références à l’Antiquité. Les architectes Percier et Fontaine vont jouer un rôle important dans le développement et la diffusion de ce style.
L’Antiquité constituant la référence absolue du moment, les menuisiers s’inspirent des sièges antiques connus par les bas-reliefs sculptés et les rares peintures conservées. Ce fauteuil emprunte pour son piètement antérieur la forme curule, c’est-à-dire en demi-cercle, reprise en symétrie pour former les consoles d’accotoir, tandis que le piètement postérieur est courbe, rappelant la forme de la lame du sabre, qualifiée de pieds en sabre. Le dossier en partie ajouré présente un autre motif emprunté à l’Antiquité, le trépied qui, avec les cannelures torses, les festons et les disques, eux aussi tirés du vocabulaire ornemental antique, enrichissent discrètement le siège.
Les formes chantournées et opulentes qui caractérisent le siège Louis XV sont abandonnées sous Louis XVI. Les lignes principales redeviennent droites et sont traduites ici par des pieds en fuseau, des consoles d’accotoir au droit de ces pieds, des dossiers rectangulaires ou encore d’un ovale parfait. Ce type de dossier parfois dit « en médaillon » est l’archétype du dossier Louis XVI. La sculpture décorative est discrète mais présente sur toutes les parties visibles du bois et d’une grande finesse. Entrelacs et rangs de perles sont ponctués de feuilles d’acanthe et d’un délicat bouquet de fleurs au sommet.
Cette chaise est représentative du passage d’un style à un autre, ses pieds encore cambrés ont reçu en partie haute, un décor d’enroulement de feuille d’acanthe qui porte en germe l’inspiration antique, en vigueur dans les arts sous le règne de Louis XVI. L’abandon du répertoire ornemental naturaliste (fleurettes, agrafes et coquilles) faisant place à de simples moulures cannelées pour le bois du dossier comme pour la ceinture, signe la volonté de s’émanciper des formes trop complexes caractérisant le goût rocaille.
Louis XV
Fauteuil à la reine
France, vers 1740
Hêtre sculpté, peint et doré, tapisserie au petit point réemployée
Avec ses pieds courbes, ses supports d’accotoirs sinueux placés en retrait et non plus dans le prolongement des pieds, ce fauteuil présente toutes les caractéristiques du style rocaille. En vigueur à partir des années 1740, il brise la symétrie à la mode sous le règne de Louis XIV. Le bois du siège est fait de courbes et contre-courbes tandis que son décor sculpté et peint, composé de feuilles et de fleurs, est en accord avec la tapisserie qui le recouvre. L’harmonie régnait entre le mobilier et les boiseries mais aussi avec le décor textile : les étoffes couvrant les murs, les rideaux et tapis.
Avec son dossier légèrement incliné vers l’arrière, son assise plus basse et le recul des supports d’accotoirs qui ne sont plus dans l’axe des pieds avant, ce fauteuil témoigne par sa recherche de confort, du nouvel art de vivre prôné sous la Régence. Les lignes courbes, la plus grande part accordée au bois et le travail raffiné du sculpteur, annoncent le style rocaille qui aura tant de succès dans les arts décoratifs sous le règne de Louis XV.
Louis XIV
Tabouret
France, vers 1690-1700
Chêne, hêtre et noyer sculptés et dorés, textile de couverture moderne
Avec le fauteuil et la chaise, le tabouret fait partie des sièges les plus courants de l’ameublement. Ce modèle repose sur quatre pieds en forme de gaine, sculptés de cannelures et enrichis en haut et en bas d’un motif de godrons. Pour plus de solidité, les pieds sont réunis en partie basse par des traverses, sculptées de feuilles d’acanthe. Entièrement doré, ce tabouret est destiné à meubler une pièce richement ornée.
Le haut dossier, l’assise à peine évasée vers l’avant et les pieds tournés, réunis par une entretoise, demeurent les caractéristiques majeures du siège sous le règne de Louis XIII. Petit à petit les bois auparavant dissimulés sous un textile deviennent plus apparent. Les pieds sont encore réunis par une entretoise et une traverse sur le devant pour renforcer la structure du siège. Ils sont ici composés de balustres compris entre deux massifs cubiques dont les angles ont été aplanis.
Le siège en « X » ou « faudesteuil » tire son origine de la chaise curule romaine. Provenant d’Italie, il est lié à l’idée de pouvoir et prend diverses formes, dont le modèle dit « dantesca » ou « à tenailles » est une variante répandue et très appréciée en France, notamment à la cour d’Henri II. L’assise et le dossier de cette pièce sont garnis de velours (moderne), tandis que les accotoirs courbes sont décorés sur l’extérieur d’une cannelure et entrecroisés en partie centrale avec des montants sculptés d’écailles. L’articulation du siège, pliant, est masquée par un médaillon orné d’une rosace centrale.
Parfois appelé « cathèdre », ce meuble solennel aux lignes sobres et rigides fait partie intégrante du mobilier de la chambre. Réservé aux seigneurs, il est sculpté, sur la majeure partie du haut dossier, de fenestrages aveugles sur meneaux de style flamboyant, surmontés à la crête d’un réseau d’arcatures ajourées. L’ensemble est constitué de panneaux embrevés (c’est-à-dire emboîtés par le biais d’une rainure) dans le bâti, lui-même assemblé à tenons et mortaises. Les montants postérieurs sont couronnés de fleurons, tandis que le piétement, orné de deux motifs de plis de parchemin en faible relief témoigne, comme les accotoirs, d’une plus grande simplicité de traitement.
2000
2000
2020
1980
1980
1990
1960
1960
1970
1940
1940
1950
1920
1920
1940
1910
1910
1940
1890
1890
1910
1848
1848
1890
1830
1830
1848
1815
1815
1830
1800
1800
1815
1795
1795
1800
1770
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1757
1757
1770
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1700
1700
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1660
1660
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1570
1660
1500
1500
1570
> 1500
> 1500
Années 2000-2020
Horloge Grandfather Clock
Marteen Baas (né en 1978)
Pays-Bas, 2009
MDF (Medium Density Fiberboard, placage de cerisier) verni, résine, vidéo
H. : 214 cm - L. : 70 cm - Prof. : 50 cm
Achat à l’artiste grâce au mécénat du Cercle Design 20/21, 2012
Real Time est une série de vidéos imaginée en 2009 mettant en scène des acteurs indiquant l’heure. Ici, le petit film tient lieu de cadran d’horloge, la vidéo montrant un homme actionnant lui-même les aiguilles de l’horloge. Le concept Real Time, dont fait partie Grandfather Clock, constitue une nouvelle étape dans le travail de Maarten Baas, désormais à la frontière entre design et performance. Il est caractéristique de cette voie nouvelle que prend le design dans les années 2000 : une conception du design s’ouvrant à d’autres disciplines et non plus spécifiquement tourné vers l’objet.
Années 1980-1990
Pendule Clock with Five Hands
Shiro Kuramata (1934-1991)
Japon, 1986
Aluminium, sardine séchée, faux papillon en tissu, coccinelle et mécanisme d’horlogerie sur panneau de mélamine.
Cette pendule est symbolique d’une des tendances qui prévaut dans le travail de nombreux designers des années 1980 : un goût pour des objets dont la dimension poétique est mise en avant par des matériaux insolites (plumes, papillon). Ces éléments se trouvent associés à des matières plus ordinaires (mélamine).
Enzo Mari tire profit des matériaux nouveaux et peu coûteux – tel le plastique – très en vogue dans les années 1960, pour concevoir des objets du quotidien, dont des fournitures de bureau de l’éditeur Danese.
Pionnier du design moderniste américain, George Nelson, architecte et théoricien du design contribue à instaurer dès les années 1940, un environnement nouveau au bureau comme à la maison ; au-delà d’être à l’initiative de l’innovant concept, celui du mur de rangement, il conçoit des formes à forte présence visuelle et graphique, simples mais affirmées. Ball Clock égrène la mesure du temps à l’aide de l’aiguille des heures surmontée d’une flèche et de celle des minutes coiffée d’une ellipse. Les douze rais métalliques terminés par des boules colorées, le disque central qui dissimule le mécanisme attestent d’une nouvelle esthétique moderne, dont il est un des principaux porte-parole.
Avec la modernité, l’horloge se montre de plus en plus discrète jusqu’à en perdre même parfois sa propre monture ne laissant place qu’aux simples aiguilles et numéros. Comme les dessine Robert Mallet-Stevens dans la villa Cavroix, les horloges deviennent dès lors des appels graphiques dans l’espace, des éléments du temps en suspension. Laurent de Commines répond donc ici, par son dessin contemporain, à l’esthétique des modernes, dessinant au-dessus de la porte les éléments graphiques, symboles, au-delà d’un « Esprit Nouveau », comme le citait Le Corbusier, d’un temps nouveau.
Art déco
Pendule
Clément Rousseau (1872-1950), décorateur ; Maison Dupont, horloger
Clément Rousseau, avec d’autres créateurs de son époque comme Paul Iribe et André Groult, fut l’un des premiers à remettre à l’honneur le galuchat pendant les années 1920. Ce matériau, généralement confectionné avec de la peau de raie, est initialement utilisé au XVIIIe siècle pour décorer de petits objets, comme les écrins et les boîtes. Cette horloge de Rousseau incarne le renouveau de cette technique, qui est ici appliquée à plus grande échelle, pour décliner avec subtilité les textures et les palettes chromatiques de cette pièce où se mêlent élégance et modernité.
Guimard, grand protagoniste de l’Art nouveau parisien dont le fer de lance était l’unité de l’architecture, du mobilier et du décor, a établi en 1909 son foyer et son cabinet d’architecte rue Mozart à Paris, d’où provient cette pendule. Le vocabulaire naturaliste inspiré des plantes propre à l’Art nouveau, est sculpté plus au moins en relief dans le bois et finement incisé dans le cuir du centre du boitier. Les lignes ondoyantes, rythmées par un mouvement sinueux, évoque une plante grimpante.
Fruit d’une riche collaboration entre le sculpteur Geoffroy-Dechaume, le bronzier Delafontaine, et le peintre Emerich, cette garniture de cheminée en bronze doré et argenté se compose d’une pendule, d’une paire de candélabres et de deux coupes sur pieds dans un style orientalisant dit « persan » en vogue au milieu du XIXe siècle. Les animaux fantastiques et le jeu de transparence par toutes les arabesques ajourées sont issus du répertoire islamique et médiéval.
Le style « à la cathédrale », qui prend son essor sous la Restauration, se décline dans tous les objets du quotidien, privilégiant un vocabulaire néo-gothique. Cette typologie de pendule, éditée en grand nombre et souvent anonyme, connaît un certain succès dans les intérieurs bourgeois à partir des années 1840. Elle évoque l’architecture d’une église ou une cathédrale gothique. Surmontée d’un clocheton, la pendule repose sur un socle rectangulaire à gradins et son cadran s’inscrit dans une rosace, flanquée de deux colonnettes sommées de pinacles.
Restauration
Pendule
Paris, vers 1820
Bronze doré
H. : 44 cm - L. : 26 cm
Donation Barthe-Dumez faite par Mademoiselle Cécile Dumez en souvenir de ses parents, 1923
La pendule de forme portique, déjà très répandue sous l’Empire, emprunte son architecture à celle d’un temple avec quatre colonnes à chapiteau auquel s’ajoute ici un décor de draperie sous le cadran. Sous l’entablement, des putti conduisant un char, lui-même trainé par des papillons, entourent le haut du cadran. La grammaire ornementale néoclassique attendrie par le thème amoureux devient représentative des bronzes de la Restauration.
Entièrement fabriqué en bronze doré, le cygne aux ailes déployées porte sur son flanc le cadran et se hisse sur un socle au centre duquel se trouve l’aigle impérial. Le cygne, l’un des attributs d’Apollon, est un motif récurrent de cette période : les accotoirs des fauteuils prennent la forme de col de cygne et ces derniers deviennent des supports de guéridon. Le cygne peut également être interprété comme un symbole de beauté.
Directoire / Consulat
Pendule squelette
Paris, vers 1800
Bronze doré, porphyre, émail et strass
H. : 43 cm - L. : 20 cm - Prof. : 10 cm
Don de Michel Leclercq en souvenir d'Yvette Laurent née Masson et de Jean-Claude Leclercq, 2014
Dans les dernières années du XVIIIe siècle, se développe un goût pour les pendules offrant au regard la complexité d’un mécanisme qui peut s’avérer des plus sophistiqués et que l’on nomme communément « pendule squelette ». Ces pendules sont la fierté des horlogers désireux d’exhiber les mécanismes ingénieux mais s’opposent aussi en réaction aux pendules précédentes dites « à sujet ». La structure même de la pendule est dépouillée, laissant la part belle aux différents cadrans marquant ici les heures mais également les jours de la semaine, les phases et les âges de la lune ainsi que le signe des planètes.
Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, les cabinets de pendules furent l’occasion de créations extrêmement variées sollicitant différents matériaux et proposant différentes scènes historiées. Ici, le groupe en marbre encadrant le cadran et le mécanisme de la pendule, représente une jeune femme se lamentant sur son oiseau mort tandis que l’amour en remet un autre dans la cage, évoquant ainsi l’amour perdu et l’amour retrouvé.
Transition
Pendule dite « Pyramide »
Charles le Roy (1709-1771), horloger
Paris, vers 1760
Bronze patiné et bronze ciselé et doré
H. : 68 cm
Don en souvenir de M. Émile Perrin, hommage de son fils Émile, 1909
Les pendules à poser sont souvent associées à des vases pour former des garnitures, c’est-à-dire des ensembles d’objets décoratifs mêlant le bronze doré à d’autres matériaux : porcelaine, tôle, ivoire, marbre… La forme de celle-ci est issue des obélisques dont la mode apparaît à la suite des découvertes de ruines antiques. La mappemonde au sommet atteste du goût prononcé pour les sciences, lié aux nombreuses découvertes du siècle des Lumières. C’est un des modèles les plus marquants du style Transition.
L’horloge est dite « de parquet » car elle est posée au sol. À mi-chemin entre l’instrument scientifique et le meuble, les horloges témoignent du goût pour les sciences et les techniques. Afin de faciliter la lecture de l’heure, le cadran est placé en hauteur ; la grande taille de la caisse est due à la présence des poids du balancier dont la longueur est indispensable à la précision du mécanisme. Le décor de frisage, qui est une technique de marqueterie géométrique, est généralement coordonné à l’ensemble des meubles installés dans la pièce. Sa forme élancée est tempérée par le décor de bronze doré, qui souligne les différentes parties de l’horloge.
Régence
Cartel sur console
Charles Cressent (1685-1768) ; André-Georges Guyot ( ? - avant 1748)
Paris, vers 1733
Cadran de bronze doré à chiffres émaillés ; boîtier de chêne noirci ; côtés plaqués en marqueterie d’écaille et laiton
Le cartel est une horloge fixée au mur. Il remplace la pendule en marqueterie de métal et d’écaille, à la forme plus massive qui reposait sur une console murale, à la mode au siècle précédent. L’art du bronzier se développe notamment dans le domaine de l’horlogerie à partir des années 1730. Les thèmes du décor, lié au passage du temps ou purement ornemental, étaient généralement repris sur d’autres éléments en bronze doré dans la même pièce, tels les bras de lumière ou les chenets, afin de créer un ensemble décoratif coordonné et harmonieux. Rappelant l’or et la couleur du feu, faisant jouer la lumière, le bronze doré était particulièrement propice à la création de formes chantournées et déchiquetées.
Louis XIV
Pendule
Pierre Duchesne, horloger
Paris, vers 1690-1705
Bâti en sapin, placage d’ébène, écaille, laiton, étain, bronze doré et verre
Avec le règne de Louis XIV, la pendule entre plus largement dans les intérieurs de l’aristocratie. C’est un objet de luxe et les boîtes accueillant les mécanismes adoptent le plus souvent une structure architecturale comme celle-ci. Quatre colonnes à chapiteau corinthien la cantonnent et soutiennent un entablement sur lequel repose une toiture en dôme. Une marqueterie d’étain et d’écaille teintée en rouge la recouvre, soulignée par des encadrements de bois d’ébène auxquels s’ajoute le bronze doré. Deux aiguilles marquent les heures et les minutes. Le dôme dissimule le timbre qui assure la sonnerie des heures.
Louis XIII
Pendulette
Laboullays, horloger
Nancy, vers 1650
Bronze fondu, doré et gravé, émail, étain et verre
Apparus au XIVe siècle, les premiers mécanismes d’horloge n’ont cessé de se perfectionner dans le temps et gagnèrent les riches intérieurs sous la Renaissance. Au XVIIe siècle, la pendule reste un objet de prix et ne connaît pas encore la grande diversité de forme qui se développera au XVIIIe siècle. Celle-ci offre un décor gravé formant comme un cadre autour du cadran. Fier de son ouvrage, l’horloger l’a signé de manière visible sur la face. Ses petites dimensions et ses petits pieds autorisent à la déplacer selon les besoins.
Au XVIe siècle, l’horlogerie est devenue une spécialité d’une grande complexité technique, synonyme de perfectionnement des mécanismes et des pièces. Posséder une horloge portative ou encore une montre est alors un signe d’appartenance à une classe sociale élevée. Les premiers centres de fabrication se développent en Europe, notamment en France et en Allemagne, dans les grandes villes et au service des cours royales. Les commanditaires n’hésitent pas à faire réaliser de véritables petits chefs-d’œuvre de métal doré, de forme hexagonale ou ornés d’un décor gravé.
Jusqu’au XIVe siècle, la mesure du temps s’effectue au moyen du cadran astronomique, de la clepsydre ou du sablier, fait d’un cadre de bois et d’une fiole de verre. En France, l’une des premières mentions de ce type d’objet peut être lue dans l’inventaire des biens de Charles V à sa mort en 1380 : une « grande horloge de mer [faite] de deux grandes fioles pleines de sablon » y est décrite. Le sablier, dans la simplicité de son système d’écoulement, est utilisé dans le domaine de la navigation. Apparaissent au milieu du siècle les horloges mécaniques, mues par un poids descendant, avant que ne naisse au XVe siècle le ressort moteur. Peu coûteux, silencieux et fiable dans le séquençage du temps, il accompagnait et concurrençait l’horloge à rouages, dont l’usage devient courant chez les plus aisés, au plus tard dès le début du XVe siècle.
Cette table est emblématique des travaux menés par Jean-François Dingjian sur la façon de détourner des procédés industriels au profit de l’univers domestique. Elle est réalisée en carbure de silicium, un matériau utilisé en astronomie pour des instruments d’observation, comme les miroirs des satellites de grandes dimensions. C’est le matériau et le mode de production mêmes qui donnent naissance à l’objet. Partir des procédés de fabrication et des processus liés à la production industrielle est une tendance de plus en plus courante chez les designers de la génération de Jean-François Dingjian.
Années 1980-1990
Bureau 1989, modèle appartement
Sylvain Dubuisson (né en 1946) ; édition Furniture
France, 1991
Bois plaqué de feuilles de parchemin, sous-main gainé de cuir
H. : 71 cm - L. : 160 cm - Prof. : 110 cm
Achat grâce au mécénat de Michel et David-Weil, 1996
Une écriture plastique contemporaine et rigoureuse alliée à une dimension poétique et un grand raffinement sont emblématiques du design savant et sophistiqué qu’on peut trouver dans les années 1980, avec des personnalités comme Sylvain Dubuisson. Ce bureau à la forme elliptique et recouvert de parchemin apparaît comme un acte de virtuosité.
Années 1960-1970
Bureau Ozoo 600
Marc Berthier (né en 1935), créateur ; édition Ozoo pour les Galeries Lafayette
France, 1967
Polyester moulé renforcé de fibre de verre
H. : 72 cm - L. : 110 cm - Prof. : 72 cm
Achat grâce au mécénat des Amis des Arts Décoratifs, 2007
Ce bureau témoigne de l’apogée du plastique dans les années 1960, matériau qui permet, non seulement des formes arrondies et des couleurs vives et gaies, mais aussi de fabriquer à moindre coût un mobilier devenant dès lors accessible à tous.
Années 1940-1950
Bureau à abattant avec porte-documents
Jacques Adnet (1901-1984)
France, vers 1950
Simili cuir, laiton
H. : 100 cm - L. : 93 cm - Prof. : 55 cm
Achat grâce au mécénat de Moët Hennessy et de la Société d’Organisation Culturelle, 2010
Ambassadeur du goût français, Jacques Adnet est, par ce bureau, fidèle aux préoccupations de rationalisme et de fonctionnalité qui règnent dans l’industrie du meuble dans l’immédiat après-guerre. Adepte de techniques raffinées, il porte une attention particulière à la perfection des formes et à la qualité des matériaux utilisés (laiton et simili cuir).
Modernisme
Table à thé à deux plateaux
Jean Burkhalter (1895-1982)
Paris, vers 1930
Acier étiré, émaillé, plateaux en chêne
H. : 68 cm - L. : 60 cm
Don des héritiers de Monsieur Jacques Burkhalter, 2008
Figure majeure du modernisme en France, Jean Burkhalter participe régulièrement aux expositions de l’Union des Artistes Modernes (UAM), dont il est l’un des membres fondateurs depuis 1929. Créateur multidisciplinaire, il privilégie la réalisation d’un mobilier léger, facile à déplacer, alliant notamment le bois et le tube métallique, ou encore la tôle émaillée, à l’instar de cette table à thé. Simple et fonctionnelle, celle-ci est composée d’un plateau inférieur pour les pièces de service et d’un niveau supérieur pour déposer les tasses. Don de la famille de l’artiste, elle fut présentée lors de la première exposition de l’UAM en 1930 au Musée des Arts Décoratifs.
Art déco
Bureau à cylindre doucine
Jacques-Émile Ruhlmann (1879-1933)
Paris, 1927
Placage d’ébène de macassar verni sur bâti en chêne, incrustations d’ivoire, boutons, entrées de serrure, sabots en ivoire ; intérieur en corail ciré avec filets d’ébène, sous-main en maroquin noir décoré́ par Eugénie O’Kin d’un motif de cailloutis or ; intérieur des tiroirs en loupe d’orme vernie
H. : 86.50 cm - L. : 100 cm - Prof. : 57 cm
Achat Jacques-Émile Ruhlmann, Exposition internationale des Arts Décoratifs, 1926
Jacques-Émile Ruhlmann renouvelle les arts appliqués en puisant dans l’histoire des formes et des savoir-faire pour créer du mobilier d’exception, à l’instar de ce bureau de dame. Souvent comparé aux ébénistes du XVIIIe siècle, il réinterprète les techniques, les typologies et les styles, en réalisant des pièces venant généralement satisfaire les goûts d’une clientèle privilégiée. Fabriqué dans l’atelier B de Ruhlmann, ce bureau est commandé par le Musée des Arts Décoratifs en 1926 et achevé l’année suivante. Un exemplaire similaire est rendu public lors de l’exposition Internationale des arts décoratifs et industriels modernes en 1925, dans le boudoir de l’Hôtel du Collectionneur.
Art nouveau
Guéridon
Louis Majorelle (1859-1926)
Nancy, vers 1902
Acajou, placage de « bois de serpent » de Guyane, bronze ciselé et doré
H. : 85 cm - L. : 95 cm - Prof. : 95 cm
Achat à l'artiste au Salon des artistes français de 1902
« Ne remarquez-vous pas que ce superbe guéridon trilobé, envoi de M. Majorelle, où les tons profonds du bois s’éclairent des reflets dorés du bronze, est l’apothéose du nénuphar ? » Ce guéridon, présenté au Salon de la société des arts français en 1902, adopte pour le plateau la forme même d’une feuille de nénuphar recourbée sur le pourtour, reposant sur un double piétement tripode, souligné par les fleurs de nénuphar en bronze doré. Les formes naturelles stylisées et les courbes sont caractéristiques du style Art nouveau.
Second Empire
Table de milieu
François Gautier
Paris, vers 1860
Bâti de peuplier, ébène, ivoire, filets de laiton, bronze doré ; bâti en chêne, bronze doré, ébène, marqueterie d’ivoire gravé
Les matériaux, la technicité et le décor illustrent la réappropriation du style Renaissance au milieu du XIXe siècle. La marqueterie d’ébène et d’ivoire, très prisée à partir des années 1860, crée un important jeu d’optique et de contraste. Le décor du plateau s’inspire des grotesques et arabesques, type d’ornement associant des figures humaines, des animaux, des monstres, des rinceaux et a connu un grand succès à la Renaissance. Le piètement en bronze doré est formé de cariatides ailées et engainées, qui se réunissent par une entretoise surmontée d’un vase à l’antique très richement décoré.
Ce guéridon en acajou à l’allure tentaculaire par les six pieds partant de chaque côté d’un noyau central surmonté d’une cassolette, présente un épais plateau recouvert de marbre noir moucheté. Les pieds se terminent par un dauphin et prennent appui sur un plateau très large renforçant l’effet de symétrie. La structure massive et les courbes des pieds en volute et en console sont caractéristiques du style Louis-Philippe.
Restauration
Table à jeu
Antoine-Nicolas Lesage (1784-1841)
Paris, vers 1825
Structure en peuplier et chêne, plaqué avec citronnier, érable moucheté, érable ondé incrustation et moulures en amarante et amarante massif, nacre, bronze doré, velours
H. : 71 cm - L. : 38 cm - Ép. : 76 cm - Prof. : 54 cm
Antoine-Nicolas Lesage, marchand qui tenait l’enseigne « À l’Union des Arts », rue de la Chaussée-d’Antin à Paris, passait commande à des ébénistes tels que Rémond, Jeanselme ou Goudel, célèbres ébénistes de la Restauration. Bâtie en chêne et peuplier, la table plaquée de bois clairs, est décorée par une fine marqueterie d’amarante, en vogue sous Charles X. Elle comporte un plateau pliable qui s’adapte à différents types de jeux. Les tables légères, au piètement en X, envahissent les intérieurs de l’époque.
Empire
Table à écrire
Atribué à Bernard Molitor
Paris, époque Consulat (1799-1804)
Bâti en chêne, acajou, bronze doré, plateau garni de cuir, intérieur du tiroir en citronnier
H. : 71 cm - L. : 97 cm - Ép. : 57 cm
Legs Louise Lefebvre de Viefville au nom de Monsieur Louis Lefebvre de Viefville, 1964
Cette élégante table à écrire possède toutes les caractéristiques du style Empire par la sobriété de ses lignes et les ornements en bronze doré finement ciselés, contrastant sur l’acajou brillant, bois qui fit la réputation de Bernard Molitor. Les ornements puisent dans le vocabulaire végétal : les larges pieds accueillent de grande palme, une couronne de feuilles de chêne est appliquée sur la ceinture et une rosace orne la serrure. Molitor fut l’un des rares ébénistes dont l’activité a prospéré avant comme après la Révolution.
Directoire / Consulat
Guéridon
France, vers 1800
Bâti en chêne, tilleul et sapin, placage en loupe de thuya, d’acajou et d’ébène, bois peint, bronze doré
H. : 75 cm - L. : 101 cm
Don de Mme Paul Mottart en souvenir de son mari, 1949
Ce type de guéridon présent dans le mobilier antique revient en force après la Révolution dans les intérieurs. Son élégance tient à sa sobriété puisée à la source antique : un plateau de loupe de thuya posé sur un pied triangulaire peint à l’imitation du bronze vert antique et rehaussé d’ornements dorés mariant palmettes, velum, fleuron et losange. Une simple armature de bronze doré en souligne la silhouette.
Louis XVI
Secrétaire à cylindre
Paris, vers 1775
Bâti en chêne et résineux, placage de satiné, bronze doré, marbre bleu turquin
H. : 122 cm - L. : 162 cm - Prof. : 82 cm
Don en souvenir de M. Émile Perrin, hommage de son fils Émile, 1909
Le principe du secrétaire à cylindre s’est développé dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. Il repose sur un bureau plat auquel on a ajouté un gradin fermant par un demi-cylindre et permettant en un seul mouvement de clore le bureau et de distraire aux regards les documents qui s’y trouvent. Celui-ci comprend en plus de son cylindre qui dégage un casier contenant cinq cases et quatre tiroirs, une série de trois tiroirs en partie supérieure, quatre tiroirs sous le plateau, deux tablettes latérales qui se glissent sous le plateau du bureau et enfin, une grande tablette qui se déploie au dos. Cet arrangement permet ainsi de multiplier les surfaces pour poser ses papiers, voire de permettre à plusieurs personnes de travailler en même temps. Ce type de meuble figurait dans le cabinet, pièce dévolue au travail, ou encore dans une bibliothèque.
Transition
Meuble à écrire debout
Paris, vers 1760
Bâti de chêne, placage bois de rose, satiné, amarante ; dessus de l’abattant en cuir, sabot bronze doré et ciselé, roulettes en bois
Ce meuble aux lignes graciles servait en premier lieu de bureau d’appoint. Des documents pouvaient être rangés dans le caisson fermant à clef sous l’abattant, et le nécessaire à écrire était installé dans un étroit et long tiroir dissimulé dans l’angle supérieur droit du meuble. Quant à la tablette d’entretoise, placée immédiatement sous le pupitre, elle est rétractable et transformable en chevalet grâce à un ingénieux système de crémaillère. Enfin, les roulettes en bois renforcent le caractère fonctionnel du meuble.
Louis XV
Bureau « à la Bourgogne »
Paris, vers 1760
Bâti en chêne, placage de bois de rose, bois de violette et amarante, bronze doré, dessus en maroquin
Fermé, ce meuble s’apparente à un simple bureau plat dont la ceinture serait pourvue de tiroirs ouvrant par des poignées de bronze doré. Cependant, après avoir rabattu vers l’avant la moitié du plateau, une simple pression du doigt sur deux boutons feints, dissimulés dans la marqueterie sur les côtés du bureau, fait surgir un caisson de petits tiroirs. Sous le plateau, des couvercles coulissants dissimulent d’autres compartiments. Cette typologie de bureau aurait été conçue par Jean-François Œben pour le frère du futur Louis XVI, le jeune duc de Bourgogne (1751-1761) qui, souffrant de tuberculose osseuse, avait besoin d’un mobilier adapté.
Le bureau plat prend sa forme à la fin du règne de Louis XIV, celui-ci dérive du bureau à huit pieds droits, souvent en marqueterie d’écaille et de métal, en usage au siècle précédent. La solidité du bâti a permis d’éliminer l’entretoise et progressivement le nombre de pieds diminuera pour être porté à quatre, sous le règne de Louis XV. Les caissons de tiroirs, moins imposants, ferment à clef afin d’assurer le rangement sécurisé des papiers les plus précieux. De plus, sa grande surface de travail, recouverte de cuir pour le confort de l’écriture, permet d’étaler des documents ou de déployer des cartes. Placé au centre de la pièce, le bureau offrait la possibilité de travailler en vis-à-vis avec son propre secrétaire.
La console est un meuble conçu pour accompagner le décor de la pièce à laquelle elle est destinée. Elle est généralement dessinée par l’architecte et confiée aux soins du menuisier. Le dessus de marbre qui l’accompagne en épouse les formes et correspond par sa qualité au marbre employé pour la cheminée, que l’on retrouve aussi sur les autres meubles de la pièce afin de constituer une unité du décor. On pose sur la console, pendule, vases, flambeaux, candélabres ou tout autre objet de décoration. Celle-ci est constituée de trois pieds reliés par une entretoise et offre un décor composé d’un masque féminin placé sur un lambrequin encadré de rinceaux. Un riche décor mosaïqué orne les fonds, caractéristique des années 1700.
Louis XIII
Bureau à huit pieds
France, vers 1650
Bâti en chêne, placage de bois d’amarante et étain
C’est au cours du XVIIe siècle que les ébénistes créent le bureau, meuble entièrement dédié au travail. Auparavant tables ou coffres tenaient lieu de meubles à écrire que l’on protégeait en les recouvrant d’un tapis de bure. Cette étoffe peu coûteuse est à l’origine du mot « bureau ». Les premiers bureaux sont à huit pieds, reliés quatre à quatre par des entretoises, supportant des tiroirs superposés et un caisson légèrement en retrait ainsi qu’un grand plateau rectangulaire. Parfois, comme ici, un petit gradin l’accompagne ouvrant à tiroirs et caisson, multipliant ainsi les possibilités de rangement.
L’influence de l’antique, et plus largement de la culture italienne, impactent un pan très important de l’art mobilier. Cette table de la Renaissance à large piétement sculpté en haut relief de figures hybrides adossées à un écusson, à la ceinture ornée de godrons et de denticules, rappelle amplement le cartibulum romain, table de pierre ou de marbre dont le plateau était soutenu par des chimères. Munie de rallonges mobiles, elle se déploie sur trois supports de bois coulissant, assurant la stabilité de l’ensemble. Les pieds, disposés de part et d’autre du plateau, s’évasent en haut en forme d’éventail. On décèle également, dans cette forme très architecturée, les apports des modèles d’Androuet du Cerceau, fin connaisseur de l’Antiquité.
Moyen Âge
Paire de tréteaux avec plateau rapporté
France, vers 1475-1480
Chêne sculpté
H. : 86 cm - L. : 209 cm - Ép. : 4 cm - Prof. : 80 cm
Formé d’un plateau supporté par des tréteaux encastrés à tourillons dans les traverses supérieures, ce type de table, transportable dans la chambre ou la grande salle, peut être couvert à l’occasion par un textile. Il est extrêmement répandu au Moyen Âge dans tous les milieux sociaux, bien que les exemplaires connus de nos jours soient rares. Ici, les tréteaux adoptent une forme à fronton triangulaire embrevé (enchâssé) dans les montants et ajouré d’un décor de motifs flamboyants, exprimant la volonté d’un certain raffinement. Le procédé, multifonction, n’était pas dévolu exclusivement à l’usage des repas : les tréteaux pouvaient soutenir une table de travail, d’écriture ou servir de piétement de lit.
2000
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1980
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Années 2000-2020
Suspension Vertigo
Constance Guisset (née en 1976) ; édition Petite Friture
La suspension Vertigo est un bel exemple des objets de design qui font le succès de maisons d’édition comme Petite Friture qui se développent vers 2010 et de leur collaboration avec de nombreux nouveaux talents du design. Cette suspension est également caractéristique des objets aériens, animés et accueillants imaginés par Constance Guisset.
Années 1980-1990
Lampe Bibibibi
Ingo Maurer (né en 1932)
Allemagne, 1982
Porcelaine, plastique, acier.
H. : 55 cm
Dépôt du Centre national des arts plastiques, 1985
Objet iconique à sa création, cette lampe de table est toujours éditée aujourd’hui. Elle reflète le goût de plusieurs designers des années 1980 pour des matériaux singuliers (comme la plume) qui sont utilisés avec dérision et poésie. Des créations originales, réjouissantes et délicates font le succès de cette décennie imaginative.
Années 1960-1970
Lampadaire Soleil Module 400
Roger Tallon (1929-2011), créateur ; Galerie Lacloche, éditeur
Par sa silhouette audacieuse, ce lampadaire est symbolique des années 1960 qui voient apparaître une grande liberté formelle dans l’industrie du meuble. C’est également à cette époque que des designers comme Roger Tallon (avec ce lampadaire qui fait partie de la série Module 400) développent les gammes de mobilier (luminaires, tables, chaises, etc.) autour d’un module formel ou d’un même matériau.
Jean Royère développe son goût de l’ornementation à partir des matériaux courants dans les années 1950 et 1960. Le tube de métal devient une ligne ondulée et participe à son répertoire décoratif. La fonction d’éclairer est sublimée par cette forme inspirée de la nature.
Modernisme
Lampe de bureau
Jacques Le Chevallier (1896-1987), en collaboration avec René Koechlin (1866–1951)
Paris, vers 1927
Aluminium et ébonite
H. : 30 cm
Don Andrée Mallet-Stevens en souvenir de son mari, 1958
Cette lampe de Jacques Le Chevallier provient de l’agence d’architecture de Robert Mallet-Stevens, située au 12 rue Mallet-Stevens à Paris. Pensée comme une véritable sculpture, elle puise ses formes dans les principes rationalistes qui émergent pendant l’entre-deux-guerres. Sobre et fonctionnelle, ce luminiaire est composé de matériaux nouveaux, comme l’aluminium et l’ébonite, l’un des premiers matériaux plastiques. Son diffuseur semi-cylindrique permet de canaliser l’intensité de la lumière, tandis que sa base sert de porte-crayons. Le Chevallier présente un modèle semblable lors de la première exposition de l’Union des Artistes Modernes au Musée des Arts Décoratifs en 1930.
Don du prince Louis de Polignac, avec l’accord de Monsieur Yves Lanvin et en souvenir de la Comtesse Jean de Polignac, fille de Madame Jeanne Lanvin, 1965
Conçu pour l’hôtel particulier de la célèbre couturière Jeanne Lanvin, ce lampadaire fait partie des aménagements intérieurs de cette résidence, pensée telle une œuvre d’art totale par Armand-Albert Rateau. Ce même modèle fut exposé dans le Pavillon de l’Élégance à l’exposition Internationale des arts décoratifs et industriels modernes en 1925. Alors que Jeanne Lanvin partage avec le créateur, ce goût pour les formes uniques et les matériaux nobles, elle lui confie aussi la décoration de sa boutique Lanvin-Sport et la direction de Lanvin-Décoration. Après la démolition de l’hôtel particulier en 1965, les appartements privés de la commanditaire sont depuis conservés au Musée des Arts Décoratifs.
Art nouveau
Lustre à douze lumières
Émile Gallé (1846-1904)
Nancy, vers 1904
Verre soufflé, doublé, gravé à l’acide, monture en fer forgé
H. : 134 cm
Don de Henri Chardin, Paule Chardin, Arlette Thery et Georgette Delmay, en souvenir de leur mère, Madame Denyse Hannon-Chardin, fille d'Édouard Hannon, 1968
Émile Gallé, artiste polymorphe qui travaillait autant le verre, la céramique et le bois, emprunte encore une fois le motif de la « Berce des prés », fleur ombellifère que l’artiste ne cesse de décliner jusqu’à la fin de sa vie. On la retrouve en motif sur le verre ou sculpté en bronze. Les bras de lumière sont formés par les tiges des fleurs qui s’éclosent en petite coupole de verre, retenus au sommet par un large bouquet de feuilles.
Cette lampe en faïence bleu turquoise de Théodore Deck – couleur qui lui valut sa réputation et prendra même le nom de « bleu de Deck » – présente un décor de rinceaux dans le style mauresque. La monture en bronze est ajourée à la façon d’un moucharabieh. L’Orient devient une source d’inspiration féconde à partir des années 1860. Le motif du dragon en application doré sur le globe en verre dépoli présente lui une influence chinoise.
De style dit « troubadour », ce lustre à douze bras de lumière emprunte la forme d’une lampe à huile à l’antique ornée d’une frise de trilobes, suspendue par des chaines à une couronne de trèfles. Le motif du trilobe renvoie à une idéalisation de l’ornement médiéval. Le cul de lampe se termine par un culot en forme de pomme de pin stylisée.
Cette applique en bronze doré à trois bras de lumière se présente sous la forme de putti surmonté d’un grand panier fleuri et tendant à chaque bras un vase orné de fleurs. Les vases et le panier forment les bobèches. Le vocabulaire ornemental du panier fait référence au style Louis XVI, revisité. Ce type d’éclairage se présentait par paire ce qui permettait de les positionner de part et d’autre d’une cheminée par exemple.
Chaque candélabre est composé d’un pied hexagonal richement ornementé d’appliques en bronze doré sur lequel se tient une divinité de la mythologie romaine en bronze patiné : Mars reconnaissable à son armure et Minerve à son bouclier orné de la tête de Méduse. Quant à la lance qui est également un attribut des deux divinités, elle est ici transformée en bras de lumière à six bobèches. Le contraste entre les figures noires et les éléments dorés que permet la double patine est très répandu sous l’Empire.
Pour l’éclairage, les figures à l’antique s’invitent, devenant les portes lumières dans des compositions les plus variées. Ici les jeunes femmes drapées à l’antique soutiennent de leurs mains deux tiges maintenues par leur bouche, formant un enroulement qui s’épanouit pour accueillir le binet. L’ensemble repose sur une base triangulaire enrichie d’ornements en bronze doré déclinant tout un répertoire ornemental puisé à la source de l’Antiquité.
Les candélabres, tout comme les flambeaux, bras de lumière et girandoles pouvaient être réalisés en paire ou en suite de quatre ou de six afin d’assurer l’éclairage. À la fin du XVIIIe siècle, leur structure s’apparente souvent à celle du trépied, copié sur des modèles antiques connus par la gravure. S’y ajoute tout un répertoire ornemental lui aussi puisé à la source de l’antique : griffons, têtes de bacchantes ou de faunes, palmettes, pampres de vigne… Ce modèle offre six lumières et se posait sur le dessus de la cheminée, d’une commode ou encore d’une console.
La forme de ce candélabre est caractéristique des tâtonnements de la période Transition qui se libère des formes chantournées pour se rigidifier, se rapprochant du modèle antique de la colonne qui triomphera quelques années plus tard. La base circulaire ornée d’un tore de laurier stylisé et d’un rang de perles annonçant les motifs typiques du style Louis XVI, tandis que le fût et les bras sont encore emprunts des formes tordues et naturalistes de l’art rocaille.
Louis XV
Candélabre
Paris, vers 1740
Monture : bronze doré ; personnages : porcelaine de Meissen
À l’époque rocaille, les objets fonctionnels sont également décoratifs et destinés à s’intégrer harmonieusement aux différentes pièces de la maison. Parmi les sources d’éclairage, les flambeaux font partie des éléments les plus mobiles, ils peuvent être installés sur la tablette de la cheminée, les consoles, les tables et les bureaux. Pour autant certains sont de véritables œuvres d’art. Les marchands-merciers à la fois commerçants, décorateurs et prescripteurs de goût, suscitent la création d’objets composites tel ce candélabre à trois lumières de bronze doré orné de figures en porcelaine de Meissen, qui est surtout un objet de décoration exceptionnel.
La lumière dans les intérieurs est une préoccupation constante sous la Régence qui entraîne la multiplication des sources (bougeoirs, candélabres, lustres et bras de lumière) et des éléments pouvant la réfléchir (pendeloques de cristal et glace murale). Au-dessus de la cheminée, le trumeau de glace occupe toute la hauteur du mur, tandis que sur le mur opposé un autre miroir lui fait face. De part et d’autre des miroirs, sont fixés des bras de lumière dont la forme asymétrique offre deux sources lumineuses, vers le haut et au centre vers la glace. Des animaux font partie du décor : un dragon défie une sorte de lézard dont le corps sinueux épouse la forme du bras. La pièce, agrandie par cette perspective sans fin, revêt un caractère féérique, le soir venu, lorsque les flammes des bougies se reflètent dans les glaces.
Le bronze doré ou l’argent massif sont les deux matériaux de prédilection sous le règne de Louis XIV pour la réalisation des bras de lumière. À cette période, le bras de lumière comporte en général un seul binet, qui correspond à la partie cylindrique dans laquelle est placée la bougie. Le binet est lui-même placé sur une bobèche, partie circulaire destinée à recueillir les coulures de cire. Plusieurs bras de lumière pouvaient être accrochés par paire sur les murs d’une pièce, participant à son éclairage mais également au décor de celle-ci.
Le qualificatif de bras de lumière prend toute sa signification avec ce modèle qui figure deux avant-bras, droit et gauche, sortant d’une manche bouffante de pourpoint. Comme son nom l’indique, il est destiné selon sa forme à recevoir une ou plusieurs bougies et il est fixé aux murs, le plus souvent de part et d’autre de la cheminée. Avec les lustres, candélabres et flambeaux, ils assuraient l’éclairage de la pièce.
Le chandelier figure parmi les objets d’usage les plus répandus et démontre la présence récurrente du travail de fonderie dans tous les secteurs de la vie quotidienne. Cette paire en bronze doré, représentant un homme et une femme dénudés d’inspiration antique et réalisés en symétrie, atteste d’un souci d’esthétisme constant dans l’Europe de la Renaissance. Chacun d’eux soutient sur sa tête un vase godronné formant le binet.
Le lustre était suspendu au plafond ou à la voûte d’un intérieur. Cette pièce dont la tige moulurée est terminée par une figure de la Vierge entourée de rayons, a pu prendre place dans un intérieur privé ou une église. Six branches enroulées de rameaux soutiennent chacune une bougie (en cire, elle est plus onéreuse que la chandelle fabriquée en graisse animale), alors qu’un double mufle de lion tenant un anneau achève l’ensemble. Ce type d’éclairage artificiel, de même que les chandeliers et autres pique-cierges, prend le relais de la lumière naturelle à la tombée de la nuit.
2000
2000
2020
1980
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1960
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1848
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Années 2000-2020
Cabinet Settimio
Fernando (né en 1961) et Humberto (né en 1953) Campana
Italie, 2012
Bronze doré, bambou
H. : 230 cm - L. : 87 cm - Prof. : 75 cm
Achat grâce au mécénat de M. Placido Arango Jr., 2013
Ce cabinet s’inscrit dans une démarche singulière, celle des brésiliens Fernando et Humberto Campana qui œuvrent à la frontière du design, des arts appliqués et de l’art contemporain. Les deux frères conçoivent un design « tiré de la rue » avec, pour matériaux de prédilection, des objets de récupération, à priori étrangers à l’univers du design. Avec Settimio, ils travaillent toujours à partir d’éléments de récupération, mais ils introduisent de nouveaux matériaux comme le bambou et les éléments sont façonnés dans un atelier romain spécialisé dans le travail du bronze, selon la plus pure tradition des techniques artisanales d’orfèvrerie.
Années 1980-1990
Meuble Pod of Drawers
Marc Newson (né en 1963)
Prototype 1987, réalisation 1999
Feuilles d’aluminium rivetées sur bois, fibre de verre
H. : 130 cm - L. : 71 cm - Prof. : 40 cm
Achat à l’artiste grâce au mécénat de Fabergé, 1999
Les designers des années 1980 s’autorisent une certaine liberté dans leurs créations. Ce meuble est à la fois un hommage au chiffonnier Anthropomorphe du grand décorateur français André Groult, et une démonstration de la sophistication de l’agencement des plaques d’aluminium martelé à la main et riveté.
Années 1960-1970
Meuble Combi-center
Joe Colombo (1930-1971) ; édition Bernini
Italie, 1963-1964
Noyer, aluminium, plexiglas (et roulettes en plastique et acier)
H. : 185 cm
Achat grâce au mécénat de Michel et Hélène David-Weill, 1999
Ce meuble-container modulable à usage multiple, occupe le cœur de la pièce à vivre telle une sculpture. Le Combi-center est loin du buffet traditionnel à angles droits venant s’adosser au mur. Il bouleverse ainsi la typologie traditionnelle du meuble de rangement. Le rapport que les objets entretiennent à l’espace qu’ils occupent et à leurs utilisateurs, s’inscrit dans une nouvelle réflexion entamée par les designers dans les années 1960.
Années 1940-1950
Meuble TV-tourne-disque-bar
Antoine Philippon (1930-1995) et Jacqueline Lecoq (née en 1932)
Antoine Philippon et Jacqueline Lecoq offrent un bel exemple du renouvellement des typologies de mobilier qui s’opère à la fin des années 1950 avec ce meuble multifonction. Ce meuble répond aux besoins de place et à la généralisation de la télévision dans les foyers. Utilisant un matériau comme le Formica, le duo de créateurs rompt avec les codes du mobilier traditionnel qui prévalait jusque-là. Antoine Philippon et Jacqueline Lecoq contribuent ainsi à convertir leurs contemporains au mobilier moderne, fonctionnel, adapté par ses formes et ses matériaux à un nouveau mode de vie.
Modernisme
Coiffeuse-paravent
Eileen Gray (1878-1976)
France, 1926/1929
Pin de l’Orégon (pitchpin), contreplaqué, liège, aluminium, verre, traces de peinture bleu turquoise.
Conçue en 1926 par la créatrice irlandaise Eileen Gray, la coiffeuse-paravent, révolutionnaire dans sa fonction, vient offrir, une fois accrochée perpendiculairement au mur de la chambre, au-delà d’une simple fonction de rangement, un espace d’intimité dédié à la toilette. Ses lignes, épurées comme élégantes, répondent à l’architecture de la villa E 1027, icône de la modernité, conçue à quatre mains par Eileen Gray et Jean Badovici. Ici, les pièces de mobilier comme la coiffeuse-paravent répondent à tous les standards d’un nouveau mode vie où fusionnent dorénavant dans une forme de modernité lyrique l’espace, le corps et l’âme. Ce modèle-ci de coiffeuse fut conçu pour le studio de Jean Badovici à Paris dans ce même esprit moderne qu’à la villa E 1027 et dans l’intention de séparer le salon d’un minime espace intime.
Art déco
Chiffonnier anthropomorphe
André Groult (1884-1966)
Paris, vers 1925
Acajou gainé de galuchat, ivoire, argent
H. : 150 cm - L. : 77 cm - Prof. : 32 cm
Achat grâce au fonds du patrimoine, avec le concours des mécénats de Michel et Hélène David-Weill, de Mrs. Jayne Wrightsman, de Shiseido, de Fabergé et de la galerie Doria, 1999
Inventé au XVIIIe siècle, le chiffonnier est une commode haute à tiroirs, permettant de ranger le linge. André Groult revisite l’esthétique de ce meuble, avec des lignes courbes et organiques, évoquant celles d’un corps féminin. Composée de matériaux nobles comme le galuchat et l’ivoire, cette réalisation anthropomorphe est présentée dans la chambre de Madame aménagée par Groult, faisant partie du Pavillon de l’Ambassade Française, de l’exposition Internationale des arts décoratifs et industriels modernes de 1925.
Art nouveau
Armoire
Hector Guimard (1867-1942)
Paris, vers 1903
Poirier sculpté ; bronze ciselé et doré
H. : 252 cm - L. : 220 cm - Prof. : 67 cm
Don de Madeleine Pezieux au nom de Madame Léon Nozal, 1937
Cette armoire fait partie d’un ensemble mobilier provenant de la chambre à coucher de l’hôtel Nozal, qu’Hector Guimard construisit de 1904 à 1906 à Paris. Peu connu et mal documenté car détruit dès 1957, l’hôtel Nozal reste l’une des grandes constructions de Guimard dont il pense entièrement le décor et l’aménagement intérieur. Réalisé en poirier ciré, son décor sculpté évoque une flore stylisée aux lignes fines et courbes qui deviennent la signature du style Art nouveau.
Second Empire
Meuble d’appui
Louis-Auguste-Alfred Beurdeley (1808-1882)
France, vers 1880
Bâti en cèdre, placage de palissandre de Rio, de sycomore pour la ceinture, en noyer pour l’intérieur des tiroirs, bronzes dorés, marbre, panneaux peints à l’huile et vernis
H. : 106 cm - L. : 158 cm - Prof. : 47 cm
Legs de Mme Andrée Sablé, née Andrée Laure Néret, provenant de la collection de son père, M. Georges Néret, 1978
La maison Beurdeley, dirigée par Louis-Auguste-Alfred Beurdeley puis par son fils Alfred-Emmanuel-Louis dès 1875, travaillant le bois et le bronze, se spécialise dans la copie de mobilier du XVIIIe siècle. L’influence est visible autant dans la forme que dans le décor de ce meuble. La marqueterie de palissandre en chevron, les panneaux peints et vernis des trois vantaux, ainsi que l’emploi de frises de rinceaux fleuris, de feuilles d’eau, de rubans et de perles, dont l’exécution est particulièrement minutieuse, sont issus du répertoire de style Louis XVI.
Louis-Philippe
Commode-secrétaire
Louis-Alexandre Bellangé (1797-1861)
Paris, vers 1840
Bâti en chêne et peuplier sur les côtés, placage d’ébène et de palissandre, poirier noirci, cuir, marbre, bronzes dorés
Prenant la succession de son père, Louis-Alexandre Bellangé obtient les fonctions de fournisseurs de la maison du roi sous la Restauration. Cette commode relève à la fois de la recherche de fonctionnalité, de l’iconographie inspirée de la Renaissance ainsi que de l’usage de bois sombres, prisés à l’époque. Au centre des vantaux, des bas-reliefs en bronze doré de deux femmes drapées représentent l’Étude, un ouvrage dans les bras, et la Géographie près d’un globe. La serrure est dissimulée dans la bouche d’un mascaron.
Restauration
Armoire à glace
Vers 1820-1825
Bâti en chêne et peuplier, placage d’acajou ronceux, bois résineux pour la corniche, bronze ciselé et doré, glace, textile d’origine au revers de la porte
H. : 224 cm - L. : 120 cm - Prof. : 53 cm
Don de Monsieur Fournier en souvenir de sa soeur Mademoiselle Fournier, 1922
L’armoire à glace, récemment apparue à cette période, finit par détrôner la psyché (miroir sur pied) par son gain de place et sa double fonctionnalité. Celle-ci comprend un autre élément pratique : une applique à quatre lumières au-dessus de chaque montant. Le miroir en plein cintre est entouré d’une frise de roses. Les ornements en bronze, simples et délicats de couronne de laurier, de palmes et de rosaces sont encore issus du répertoire néoclassique. En revanche les montants en colonnette à double poire sont évocateurs, eux, du style Restauration.
Empire
Somno
France, vers 1805
Bâti en chêne et bois résineux, acajou ronceux plaqué, intérieur en bois résineux teinté rouge, bronze doré, marbre blanc
Le « somno », signifiant « pour le sommeil » en latin, est un meuble nouvellement apparu sous l’Empire. Il désigne une forme particulière de table de nuit ou de chevet. Plaqué d’acajou et surmonté d’une tablette en marbre pouvant recevoir le verre d’eau de la nuit, celui-ci emprunte sa forme à un autel antique. Derrière une porte, se trouvent deux étagères pouvant accueillir le pot de chambre. L’application d’ornements en bronze doré, une torche – symbole de la nuit – entourée d’une couronne de laurier sur ce bois sombre, est caractéristique du style Empire. Sur des roulettes, il est facilement déplaçable pour être disposé autour du lit.
Directoire / Consulat
Commode
Joseph Stöckel (1743-1802), ébéniste
Paris, vers 1790-1795
Bâti en chêne, acajou, placage d’acajou moucheté, bronze ciselé et doré, marbre blanc
Bien qu’un style propre au Directoire et au Consulat s’établisse au cours de ces deux régimes politiques, la silhouette générale de la commode n’en est pas affectée. Elle obéit toujours à des lignes architecturales renforcées ici par les montants en forme de demi-colonnes cannelées. On privilégie alors les grands placages d’acajou soulignés par de discrets bronzes. Cette commode s’ouvre à l’aide de deux battants dissimulant trois tiroirs intérieurs et un tiroir en ceinture qui s’accompagne de deux plus petits sur les côtés, pivotant sur un axe. Les côtés de la commode s’ouvrent également, formant deux petites armoires tandis que les montants cannelés pivotent au moyen d’un bouton secret et découvrent trois petites étagères.
Louis XVI
Commode
Jean-François Leleu (1729-1807), ébéniste
Paris, vers 1785
Bâti en chêne, pieds et montants en acajou massif, placage d’acajou, bronze doré, marbre brèche d’Alep
À l’époque de Louis XVI, la commode renoue avec la silhouette qui fut la sienne à ses débuts : pieds peu élevés, ouverture par différents rangs de tiroirs et structure rectiligne. Sur cette commode, deux grands tiroirs sont complétés par un tiroir plus petit, dit « de ceinture », situé juste sous le dessus de marbre. L’ébéniste a donné ici un très léger mouvement courbe aux côtés qui dans la continuité des montants semi-arrondis et creusés de trois cannelures, adoucit le côté architectural du meuble. Les bronzes sont discrets et ils soulignent chaque panneau d’acajou pour les mettre en valeur. Les poignées sont de simples disques de bronze doré bordés d’un anneau amovible afin d’en faciliter la prise.
Transition
Commode
Louis Aubry, estampille
Paris, vers 1775
Bâti : chêne ; placage : bois de violette, bois de rose, buis, sycomore, charme ; marbre ; bronze doré et ciselé
La distribution verticale du décor en trois registres ainsi que le léger ressaut de la partie centrale caractérisent les commodes dite « Transition ». De plus, cette nouvelle façon d’envisager le décor nie l’horizontalité des tiroirs dont la présence est révélée par les anneaux de tirage. En outre, il n’y a plus une seule partie galbée, hormis les pieds, mais une rigueur géométrique renforcée par l’emploi du frisage. Préférée aux marqueteries de fleurs au naturel, cette technique de placage se généralise. L’utilisation du bronze doré pratiquement réduit à sa seule fonction utilitaire (chutes d’angle, poignées, entrée de serrure et sabots) témoigne des recherches stylistiques en cours à la période Transition contre les excès de la rocaille qui menèrent à l’élaboration du style dit « à la grecque ».
Louis XV
Commode
Attribuée à Jean Demoulin (1715-1798)
Paris, vers 1745
Bâti en chêne, vernis Martin, laque de fond noir, bronze ciselé et doré, marbre brèche d’Alep
Les années 1740 sont marquées par l’éclosion d’un goût nouveau, la chinoiserie qui a pour origine l’importation massive d’objets d’Extrême-Orient collectionnés par les amateurs d’exotisme. C’est dans ce contexte que se développe le vernis Martin, technique visant à imiter celle des laques orientales pour recouvrir boiseries, meubles, carrosses et objets du quotidien. Le décor de cavaliers, en raison de sa composition, du choix des couleurs et du relief atteste de la grande maîtrise du vernisseur. Guidé par les idées du marchand-mercier qui a suscité cette création, l’ébéniste a procédé au montage du panneau, découpé avec habileté pour créer les deux tiroirs et intégrer, subtilement, les poignées de bronze doré au décor.
Régence
Commode en tombeau
Attribuée à François Garnier
France, vers 1740
Bâti en chêne, placage de bois de violette, bronze ciselé et doré, marbre
Meuble à tiroirs destiné au rangement du linge, la commode est placée dans la chambre à coucher, souvent accompagnée d’encoignures coordonnées et placées dans les angles de la pièce. La quantité de tiroirs est variable, sur celle-ci les six poignées induisent en erreur car elles correspondent à deux petits tiroirs sous le marbre et deux grands tiroirs en partie basse. Le rôle des bronzes dorés comme du plateau de marbre est autant protecteur que décoratif. Les arêtes, les pieds et le dessus de la commode sont ainsi protégés des chocs et dégradations éventuels.
Louis XIV
Commode en tombeau
Paris, vers 1700
Bâti en sapin et noyer, décor peint et vernis, bronzes vernis, marbre Portor
Inventée sous le règne de Louis XIV, la commode est le résultat d’une évolution et d’un compromis entre le coffre et le cabinet. Comportant des tiroirs en façade, elle offre une plus grande facilité de rangement que le coffre. Les premières commodes reposent sur des pieds peu élevés et présentent généralement trois rangs de tiroirs. Le décor de celle-ci est réalisé au vernis visant à imiter dans les fonds, le motif du marbre Portor qui lui sert de dessus et au pourtour la marqueterie dite Boulle, technique de placage particulièrement sophistiquée.
Louis XIII
Cabinet
France, vers 1650
Bâti en résineux (corps supérieur), chêne et résineux (piétement), acajou ou amarante (tiroirs du caisson), placage d’ébène, poirier noirci, ivoire teinté
H. : 168 cm - L. : 154 cm - Prof. : 55 cm
Achat avec le soutien de M. et Mme Emilio Ferré par l'intermédiaire du Comité international et grâce aux dons versés lors du dîner de gala pour la réouverture du Musée des Arts décoratifs, 2007
Ce meuble caractéristique du XVIIe siècle français est certes un meuble de rangement mais avant tout d’apparat en raison de ses matériaux constitutifs : ébène sculpté et gravé, ivoire ondé et teinté à l’imitation des pierres dures. Ces deux vantaux s’ouvrent sur un caisson intérieur qui peut être décoré comme un petit théâtre entouré de plusieurs rangs de petits tiroirs. On y renfermait des bijoux ou de menus objets précieux.
L’importance du coffre (omniprésent au Moyen Âge), ne se dément pas à la Renaissance où il se pare d’un décor recherché, marqué par le style italianisant. Il est composé en façade d’un long panneau assemblé à tenons et mortaises et figure quatre des douze travaux d’Hercule, scandés par des pilastres cannelés à chapiteau, sous des arcs en plein cintre sur fond d’architecture (« tempietto », niches, loggias et dôme). L’inspiration des références antiques véhiculées par la gravure est visible : l’image du lion de Némée s’avère ici très proche de celle réalisée sur les plaquettes de bronze par l’orfèvre italien Moderno vers 1500.
À la fois meuble de rangement et d’apparat, le dressoir, issu d’une structure simple, se perfectionne dans la seconde moitié du XVe siècle. Il est habituellement constitué de deux parties. Le corps supérieur qui peut être à pans coupés, est pourvu ici d’un vantail fermé sculpté à orbevoie, orné d’une serrure et d’un écusson représentant un château pris dans un fenestrage (les armoiries affirment l’appartenance au propriétaire). On y range des objets de valeur. Les panneaux latéraux sont eux aussi sculptés dans le style gothique français. La base est quant à elle le plus souvent évidée pour permettre d’y montrer un bassin ou un autre objet de céramique ou d’orfèvrerie. Cette forme perdurera au XVIe siècle, où elle s’enrichit de motifs venus d’Italie.
2000
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1980
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Années 2000-2020
Années 2000-2020
Installer dans son décor
Au début du XXIe siècle, la mondialisation de l’économie favorise le développement du design. Si certains pays comme l’Afrique, l’Inde ou les pays d’Amérique du sud - que l’on n’associait pas jusque-là au design - interviennent sur la scène internationale, le Japon, l’Italie, les États-Unis et les pays scandinaves sont encore particulièrement présents.
L’aspect écologique et « durable » des objets est devenu une des préoccupations majeures des designers qui s’appliquent à créer des produits facilement recyclables ou composés de matériaux écologiques respectant la nature. Parallèlement, on assiste à une révolution technologique avec l’impression 3D apparue à la fin du XXe siècle.
Années 1980-1990
Années 1980-1990
Installer dans son décor
Les années 1980-1990 marquent la fin de la guerre froide qui divise le monde en deux blocs depuis 1947.
En France, l’arrivée au pouvoir en 1981 de François Mitterrand amorce une période de changements dans la société. Il encourage la création artistique qui ne se définit plus en une tendance mais en une multiplicité de styles portés par des artistes aux identités contrastées. Les formes architecturales et les couleurs exubérantes côtoient les formes très épurées, minimalistes et le règne du noir et blanc.
La chute du mur de Berlin le 9 novembre 1989 marque la fin de la décennie et ouvre sur une nouvelle ère marquée par la robotique et la technologie avec la naissance d’Internet.
Années 1960-1970
Années 1960-1970
Installer dans son décor
Si la France vit en paix depuis la fin de la guerre d’Algérie (1962), l’Europe est partagée par le rideau de fer entre Est et Ouest. C’est le temps de la Guerre froide. Les conséquences du choc pétrolier (1973) marquent la fin des « Trente Glorieuses » et de la prospérité économique. Les années 1960-1970 sont celles de la révolte sociale et culturelle.
Les enfants du baby boom, génération née après la guerre, contestent le mode de vie de leurs parents. Ils rêvent de liberté et de voyages. Ils dénoncent la violence mais aussi le règne de la consommation et revendiquent l’égalité entre les hommes et les femmes dans des grands mouvements comme celui de mai 1968.
Avec le développement des villes et de nouveaux modes de vie, plus libres, on voit apparaître une explosion de formes, de couleurs et de matériaux dans la maison. À la recherche du bien-être correspond le règne des nouveaux matériaux (mousse, résine, jersey) et des lignes souples qui permettent de généreuses formes arrondies et de belles couleurs vives.
Années 1940-1950
Années 1940-1950
Installer dans son décor
La France sort détruite de la seconde guerre mondiale. La reconstruction et la modernisation du pays vont permettre, malgré les tensions internationales et la décolonisation, le développement des « Trente Glorieuses ». Ce terme désigne la période comprise entre 1945 et 1975. Elle se caractérise par une forte croissance économique et l’augmentation du niveau de vie d’une grande majorité des populations des pays développés.
Après les années sombres de la guerre, la natalité augmente, c’est le « baby-boom ». Les campagnes se dépeuplent au profit des villes. Tout le monde veut accéder au confort moderne et aux loisirs. On se précipite au Salon de l’auto comme au Salon des arts ménagers qui réouvre ses portes en 1948 au Grand Palais. On y trouve toutes les dernières innovations pour la maison de l’électroménager au mobilier.
Si le goût pour les pièces uniques et les belles matières existe toujours, le changement de mode de vie et la modernisation de l’habitat amènent aussi à la production de meubles aux formes simples, pratiques, confortables. Ils sont produits en série pour en minimiser le coût et être accessibles au plus grand nombre. Les créateurs utilisent tous les matériaux traditionnels comme le bois, le cuir, le rotin mais également les dérivés du bois (contreplaqué) ainsi que les matériaux industriels (aluminium, acier…) ou ceux de la chimie moderne (matières plastiques).
Modernisme
Modernisme
Installer dans son décor
Après la première guerre mondiale, dans l’Europe ruinée et détruite, il faut rapidement et à moindre coût reconstruire des milliers de logements. En Allemagne, les professeurs et les étudiants d’une grande école d’architecture, le Bauhaus, expérimentent des solutions nouvelles pour apporter au plus grand nombre un habitat et des objets du quotidien à la fois fonctionnels (adaptés, pratiques, confortables) et beaux. Ils s’appuient sur des formes simples et des matières industrielles comme le tube de métal.
En France, à la même époque, les architectes et designers Le Corbusier et Charlotte Perriand travaillent également dans cet esprit. Le designer est celui qui conçoit des objets nouveaux dans leurs formes, leurs matériaux, en tenant compte des usages des utilisateurs et des progrès techniques.
Les habitations étant plus petites que dans le passé, la distribution et l’aménagement des pièces sont conçus pour optimiser l’espace à vivre. Le salon et la salle à manger sont réunis pour former ce que l’on appellera un living-room. Les rangements (étagères, placards, tiroirs) sont directement intégrés dans l’architecture et les meubles se font moins nombreux. A la fois légers et polyfonctionnels, ils peuvent facilement être déplacés et utilisés selon les besoins.
Art déco
Art déco
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À la veille de la première guerre mondiale, l’Europe est au centre du monde. Sa puissance économique et technologique est incontestée mais la paix elle est sérieusement menacée par les rêves de grandeur des nations qui la composent. La menace gronde et explose avec l’attentat de l’archiduc héritier François-Ferdinand à Sarajevo en 1914. Dès lors c’est l’engrenage : l’Autriche attaque la Serbie. Les Russes mobilisent leurs troupes pour secourir les Serbes, ce qui entraîne un ultimatum allemand à la Russie, la mobilisation générale en France, puis l’entrée en guerre de l’Allemagne et de l’Angleterre. Le gouvernement français prévoit une guerre courte, deux à trois mois tout au plus. Elle durera quatre ans et tuera plus d’un million et demi de soldats français.
L’après-guerre est marqué par l’envie d’oublier l’horreur des tranchées. Ce sont « Les années folles », courte parenthèse avant la grande crise des années 1930. Les américains venus combattre ont apporté le jazz qui fait fureur. Une danse, qui vient de la ville de Charleston, connait un grand succès. Ses mouvements rythmés accompagnent la mode des robes fluides et courtes, des colliers portés en sautoirs et des cheveux courts coupés « à la garçonne ».
La compétition économique entre les pays fait rage et chacune rivalise d’inventivité pour se distinguer comme lors de la grande exposition Internationale des Arts décoratifs industriels et modernes de 1925 qui se tient à Paris. On retiendra le terme d’Art déco pour décrire les formes et les décors réalisés entre 1910 et 1925. Architecture, décoration intérieure, mobilier, mode, tous les domaines des arts décoratifs sont touchés par cette nouvelle façon de voir le beau et l’harmonie. La ligne droite remplace la ligne courbe en vogue à la période précédente (Art nouveau). Influencé notamment par le mouvement cubiste (Picasso, Braque, Cézanne…) et les arts primitifs (Afrique, Océanie), l’Art déco joue avec les formes géométriques. Il puise son inspiration dans les siècles passés tout en y apportant de la modernité.
Art nouveau
Art nouveau
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La période comprise entre la fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle est marquée par les progrès techniques et économiques. On l’appellera la « Belle Époque ». La Tour Eiffel inaugurée pour l’Exposition Universelle de 1889 et le Métro pour celle de 1900 témoignent bien de ces avancées vers un monde moderne.
Un vent nouveau souffle sur l’Europe et les artistes lassés de se tourner vers le passé, cherchent l’inspiration dans la nature et le Japon. Cet « Art nouveau » veut s’appliquer à tous les espaces et tous les domaines de l’architecture au mobilier et de la mode au graphisme. Il se caractérise par une ligne courbe des couleurs claires et puise dans le jardin sa principale inspiration.
Second Empire
Second Empire
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Louis Napoléon devient empereur sous le nom de Napoléon III le 2 décembre 1852. Son règne est marqué par un formidable essor économique de la France. En 1870, la défaite de Sedan met fin à l’aventure impériale.
Le Second Empire, c’est le temps de la révolution industrielle et du développement des villes. Napoléon III veut moderniser Paris. Le préfet Georges-Eugène Haussmann transforme la capitale en créant de grands boulevards pour faciliter la circulation. Il aménage un nouveau quartier autour de l’Opéra construit par l’architecte Charles Garnier. C’est aussi le temps des expositions universelles. La première a lieu au Crystal Palace à Londres en 1851 et la deuxième se déroule à Paris en 1855. Les pays y présentent leurs plus beaux produits et chacun rivalise d’inventivité pour prendre la tête des marchés économiques.
Autour de l’impératrice Eugénie s’organise toute une vie de cour avec des fêtes somptueuses. Elle lance la mode et soutien l’industrie du luxe en portant de belles et couteuses robes. Au milieu du XIXe siècle, les artistes s’inspirent du passé et regardent vers des horizons lointains comme l’Orient. Ils découvrent des formes et des motifs qu’ils interprètent pour créer des œuvres nouvelles. Ce mélange de différentes sources d’inspiration que l’on appelle l’éclectisme, concernera toute la seconde moitié du XIXe siècle.
Empire
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De 1789 à 1799, la période révolutionnaire est marquée par une grande instabilité politique, économique et sociale. Le général Bonaparte profite de la situation pour prendre le pouvoir par un coup d’État en novembre 1799. Il entreprend de réorganiser l’administration du pays et aujourd’hui encore le Code civil (ensemble des textes de loi qui réglementent la façon de vivre ensemble) constitue le fondement du droit français pour tous les citoyens.
Fort de sa popularité, il se fait sacrer Empereur en 1804. Dès lors Napoléon peut exercer un pouvoir absolu. Il poursuit son rêve de conquête à travers l’Europe par la guerre et l’installation des membres de sa famille à la tête des pays conquis.
En 1814, les Prussiens, les Russes et les Autrichiens occupent la France. Louis XVIII, frère de Louis XVI, est placé sur le trône. Malgré les Cent-Jours où il parvient à rétablir son pouvoir de mars à juin 1815, Napoléon est exilé sur l’île de Sainte-Hélène, où il meurt en 1821.
Pendant la période du premier Empire, les formes architecturales et les lignes droites obéissent à l’ordre et à la symétrie. Elles suivent les codes d’une beauté considérée comme idéale et puisent leur source d’inspiration dans l’Antiquité grecque et romaine.
Louis XVI
Louis XVI
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Le XVIIIe siècle connait d’importants progrès scientifiques et les découvertes se multiplient. De la loi sur la gravité du physicien Newton au développement de la botanique par Buffon, les savants fondent leurs recherches sur l’expérience et la raison. Les voyages et les explorations contribuent à une meilleure connaissance du monde. Les philosophes, les penseurs, comme les humanistes de la Renaissance, s’intéressent à tous les domaines. Dans leurs écrits, ils critiquent la politique, la religion, la société et défendent des valeurs comme la tolérance, la liberté, l’égalité. Ce mouvement d’idées, appelé Les Lumières, rayonnera dans toute l’Europe pendant le XVIIIe siècle.
« L’Encyclopédie », immense dictionnaire des sciences, des arts et des métiers, témoigne de la volonté des Lumières de partager la connaissance et combattre l’ignorance. Sous la direction des philosophes Diderot et d’Alembert, l’encyclopédie comprend 35 volumes dont 11 sont illustrés.
Petit fils de Louis XV, Louis XVI dirige la France dès l’âge de 20 ans. Il hérite d’un royaume en grande difficulté. La répartition des richesses et des impôts est injuste et la colère gronde. Sous la pression, Louis XVI convoque les représentants des trois ordres (la noblesse, l’église et les tiers état ou représentants du peuple) qui attendent des changements dans la façon de gouverner le pays. Face à au refus du roi, les États généraux font le serment de ne plus se séparer avant d’avoir donné une constitution au pays. Elle consacre la fin des privilèges et établit la Déclaration des Droits de l’homme et du citoyen.
Dans les intérieurs, la période adopte des formes simples et des lignes droites, légères, élégantes. On aime les couleurs douces et les tissus aux reflets glacés. La dorure à la feuille très utilisée pour enrichir les sièges, les meubles et les boiseries offre des subtilités grâce à ses effets mats ou brillants.
Louis XV
Louis XV
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Louis XV est l’arrière-petit-fils de Louis XIV. Son règne (1715-1774) est marqué par la paix et la prospérité économique du pays. Pour répondre à la demande d’une riche clientèle, les architectes et les décorateurs aménagent des appartements privés où l’on recherche plus de confort et d’intimité. Les pièces se font plus petites et plus chaleureuses, les plafonds moins hauts, les boiseries sont peintes dans des couleurs douces et délicates. Ces intérieurs deviennent l’écrin d’un art de vivre élégant et raffiné.
Le décor intérieur est considéré comme un ensemble. Les lignes, les couleurs et les motifs sont choisis pour s’harmoniser du mobilier (fauteuils, tables…) jusqu’aux objets décoratifs (vases, chandeliers…).
En réaction à l’époque Louis XIV où le mobilier était à l’image de son monarque, imposant et majestueux, le mobilier Louis XV se caractérise par sa légèreté. Il invite au confort et à la détente. Les formes s’arrondissent. Les pieds des meubles prennent des formes courbes jusqu’à, parfois, se transformer en de gracieux sabots de biche.
Les collectionneurs et les cours européennes se passionnent pour les objets venus de Chine. Ils seront copiés et interprétés par les créateurs français pour mieux correspondre au goût de l’époque. La période Louis XV voit l’épanouissement de cette mode. Pagodes et pivoines, singes et dragons, c’est un monde exotique et enchanté qui inspire la décoration des intérieurs comme des objets.
Louis XIV
Louis XIV
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Surnommé le « Roi Soleil », Louis XIV a eu le plus long règne de l’histoire de France (1643-1715). Il porte le pays et l’absolutisme royal à un niveau d’excellence pour plus d’un siècle en assurant son rayonnement sur tout le continent européen. Roi guerrier, Louis XIV se présente aussi comme le protecteur des arts et des sciences.
Collectionneur, mécène, il soutient la création et fait construire à Versailles un palais à la dimension de sa puissance. Il rassemble tous les savoir-faire et organise toutes les forces de production pour réaliser son rêve de pierre, d’or, de verdure, d’eau et de lumière. Il y organise des fêtes somptueuses et, en fin stratège, réunit près de lui une grande partie de la noblesse pour mieux la contrôler. Tout est organisé selon l’étiquette ou ensemble des règles qui régissent la vie de la cour.
C’est le ministre Jean-Baptiste Colbert qui sera chargé de développer les grandes manufactures françaises. Dans le domaine du mobilier, de la céramique ou encore du verre, les lieux de fabrication des objets (sièges, assiettes, vases…), soutenus par le pouvoir royal, connaissent un formidable essor économique et une réputation à l’échelle européenne.
Renaissance
Renaissance
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La Renaissance est une période de l’histoire synonyme de renouveau dans les arts. Elle débute en Italie, aux XIVe et XVe siècles, puis gagne toute l’Europe. Elle se termine vers la fin du XVIe siècle. Cette époque marque la fin du Moyen Âge et le début des « temps modernes ».
La Renaissance annonce un grand bouleversement dans la façon de penser et de représenter le monde. Alors qu’au Moyen Âge, on trouve dans la religion toutes les explications à la marche du monde, la Renaissance place l’Homme et la science au centre de ses réponses. Grâce à l’invention de l’imprimerie par Gutenberg (vers 1454), les idées des humanistes ou penseurs sont diffusées largement en Occident.
Les artistes de la Renaissance s’inspirent de l’Antiquité grecque et romaine. Ils utilisent des techniques nouvelles comme la représentation de la perspective et la peinture à l’huile. Le roi François Ier fait venir d’Italie de nombreux artistes comme Léonard de Vinci. Les châteaux forts se transforment en châteaux de plaisance (Chambord, Chenonceau, Fontainebleau…) où tout est fait pour le plaisir et les loisirs. De plus larges ouvertures font entrer la lumière dans les palais richement meublés et élégamment décorés.
Moyen Âge
Moyen Âge tardif
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Dans l’histoire de l’Occident, le Moyen Âge se situe entre l’Antiquité gréco-romaine, qui prend fin au Ve siècle, et la Renaissance qui commence à la fin du XVe siècle. C’est une très longue période (mille ans environ) qui a longtemps été considérée comme froide et obscure. C’est pourtant à cette époque que sont posées les bases de notre société et de notre culture. Les collections médiévales du Musée des Arts Décoratifs témoignent de l’art de vivre mais aussi des savoir-faire des artisans au Moyen Âge.
La période est marquée par les guerres. Les villages s’organisent autour des châteaux forts construits en hauteur pour mieux voir arriver l’ennemi ! Murailles et douves, donjon et pont levis, tout est pensé pour abriter et défendre les habitants du château.
À l’intérieur, une grande salle sert à toutes les occasions. On y mange et on y dort mais on y accueille aussi les invités pour les fêtes et les assemblées. Elle n’est pas très confortable. Éclairée à la chandelle et chauffée par la cheminée, il y fait sombre et froid. Dans les riches demeures, des boiseries et des tapisseries habillent les murs pour réchauffer la pièce mais aussi la décorer.
Le mobilier est essentiellement composé de coffres. Construits dans des bois solides comme le chêne, ils servent à entreposer les vêtements comme les ustensiles de cuisine. Pratiques, ils peuvent rapidement être déplacés en cas de fuite et d’attaque du château. Le lit ressemble un peu à une cabane. Il a un toit appelé « ciel de lit » et est entouré de lourds rideaux en laine pour empêcher l’air froid de rentrer.